Le Trabendo a mis du temps à se remplir ce jeudi soir, même si l'on annonçait le concert des Long Blondes comme quasi-complet, ce qui a eu l'avantage de nous laisser le temps d'avoir une longue conversation au premier rang, voire même de prendre quelques bières (Gilles avait très soif...!) et sandwiches.
Lorsque le premier groupe, Gülcher, entre en scène,
il ne doit pas y avoir plus d'une trentaine de personnes dans la salle. Bon, pas
trop grave, Gülcher (quel nom ! ...apparemment emprunté au célèbre rock-critic
des 80's, Richard Meltzer - si, si, rappelez-vous, le Blue Öyster Cult..!)
n'allant plus que probablement rien révolutionner dans la musique du XXIè siècle
! On "appréciera" la voix du chanteur, un Anglais répondant apparemment au doux
nom de "L.R." (Lou Reed ?), qui se rêve en dandy (dixit leur brochure) et ne
fait que rappeler un Brian Ferry roucoulant mais aphone (très mal habillé en
plus, ce qui n'arrange pas l'affaire du dandysme !). La musique, derrière, faite
par trois Français aussi hétéroclites que vaguement déplacés, tour à tour amuse
(un soupçon de funk, un doigt de rock et une ambition pop) et ennuie. Bref,
vingt-cinq minutes pour tuer le temps.
A 21 h 15, les Long Blondes prennent la scène
d'assaut avec un "Lust in the Movies" sonique et idéal, si ce n'est la voix de
la chanteuse, initialement un tantinet sous-mixée depuis notre position
stratégique, devant le guitariste et son ampli. Trois filles sexy et
déterminées, en tenue "Dressed to Kill" (talons aiguilles, pantalons moulants ou
jupe serrée, ouah !) et deux mecs plus british tu meurs ! "Lust in the Movies"
reste la plus belle tuerie des Long Blondes, peut-être la seule, ce qui fait
qu'on se demande ensuite si c'était une bonne idée de la liquider d'entrée.
Comme la superbe Kate Jackson nous confie ensuite qu'elle a une intoxication
alimentaire, qu'elle pensait devoir annuler le concert, qu'elle a plutôt mal au
ventre (des détails qui ne font pas trop de bien au glamour, Kate !), on
pressent la semi-débâcle.
Suivent alors quarante minutes, pas une de plus, qui voient les Long Blondes enchainer les morceaux de leur album, avec suffisamment de combattivité
pour que l'on ne s'ennuie pas, mais pas assez de fougue et d'imagination pour
éviter une certaine lassitude. Les chansons, si malignes sur l'album, avec leurs
lyrics brillants - d'ailleurs écrits par Dorian Cox, qui a donc un talent irréel
pour se mettre à la place d'une femme trentenaire - paraissent ici vaguement
toutes faites sur le même modèle, et le parallèle que l'on avait tendance à
faire avec Blondie ou Chrissie Hynde s'estompe : il est fort possible que les
Long Blondes ne tiennent finalement pas bien la route...
Heureusement que, plantés devant Dorian Cox, on
peut s'émerveiller de son jeu de guitare flamboyant (il est sans doute le seul à
vraiment assurer sur scène...), rigoler doucement devant sa guitare tenue à
l'envers, un choix original pour un gaucher qui l'oblige à réinventer tous les
accords, les cordes étant inversées (sans parler du fil de la guitare dans
lequel il s'emmêle en permanence, ni des boutons qui lui écorchent l'avant bras
!), et admirer son look homo-déchiré-snob, très efficace. Bref, les quarante
minutes passent quand même bien, malgré le ridicule consommé de Emma Chaplin,
qui a l'air de ne pas savoir quoi faire de son orgue ou de sa guitare, sur
lesquelles elle ballade un doigt hésitant trois ou quatre fois sur chaque
chanson, avant de jeter un regard mi-paniqué mi-complice à ses partenaires...
Finalement, Kate Jackson, qui visiblement a du mal à ne pas se ruer au petit
coin, et dont les déhanchements lascifs limités ont dû réveiller les crampes,
jette l'éponge. Pas de final explosif (ils auraient pu nous refaire "Lust in the
Movies", une bonne chanson restant une bénédiction dont il convient de se réjouir
!), ni de rappel. Tout le monde est un peu consterné, partagé entre une certaine
reconnaissance (le concert aurait pu être simplement annulé) et le sentiment
d'avoir perdu son temps.
Pas la soirée Rock de l'année, c'est le moins qu'on puisse dire...