Mauvaise pioche que le triste Elysée Montmartre
pour une musique aussi festive et déjantée que celle de CSS (Cansei de Ser Sexy)
: son beaucoup trop faible et distance avec le public, créée par la scène
rehaussée,... dur dur pour le fun !
Ceux qui en feront les premiers les frais, ce
seront les nanas sexy (elles...!) et les mecs allumés de Tilly and the Wall,
qui, au fil d'un lent effondrement de 40 minutes - de l'amusement à l'ennui
profond -, nous prouveront qu'il ne suffit pas de faire crier "Fuck" au public,
ni d'avoir l'air de s'amuser sur scène pour que le public s'amuse, lui. Car si
cela commence bien avec le gimmick original de remplacer la batterie par des
claquettes sur plaque de métal (!) de Jimmie Presnall, et les somptueux
tatouages de la blonde égérie Kianna Alarid, force est de constater que
l'ineptie totale des compositions engendre rapidement une légère, puis une plus
sérieuse somnolence. On se réveille vers la fin, quand Kianna se roule par
terre, avec la plus sensuelle élégance, mais cela ne fait pas un concert de
rock, loin s'en faut.
On respire donc mieux quand les Paulistas de CSS
prennent la scène d'assaut : beaucoup moins de charme, certes - au point que les
quatre laiderons sur scène suffiraient à elles seules à tuer la réputation de
sensualité des Brésiliennes -, mais de l'énergie à revendre et une belle
rock'n'roll attitude (la palme revenant sans contestation à Luiza Sá, qui
descend les bières comme un conducteur de camions texan). Lovefoxxx n'est guère
qu'une petite boulotte nippo-brésilienne sanglée dans une combinaison en polyamide des plus disgracieuses, mais elle déménage avec une spontanéité tout-à-fait
enthousiasmante : dans la même catégorie (pardon, dans le même gabarit), on
aurait aimé que Lily Allen ait la même pêche destroy, par exemple. Bref, les CSS
dégagent une
sympathie irrépressible, typiquement brésilienne en fait : c'est du
pur fun en barre, et le public apprécie, qui transforme sur une bonne partie des
morceaux l'Elysée Montmartre en dance floor. Et puis, la bonne surprise, c'est
qu'en dépit d'une technique musicale des plus limitées (trois guitares pour
faire aussi peu de bruit !?), CSS joue du rock plutôt que de l'electro : en
démarrage de concert, "Alala", puis plus tard "Art Bitch" et le sanglant
"Meeting Paris Hilton" mettent clairement les choses au point, on est plus ici
chez des Riot Grrrllls que chez des coincés du synthé : d'ailleurs, on aura
droit à une lourde et plaisante reprise de L7,...pour ceux à qui il reste encore
quelques neurones et se souviennent de L7 (moi, j'avais oublié...) ! Sur la fin,
l'éminence grise de CSS, le seul mâle, Adriano Cintra quittera sa batterie pour
fait "wah wah" dans les
spotlights et rappeler qu'en fait, CSS, c'est lui
(macho, va !). En rappel, on aura malheureusement droit à leur plus grand hit -
et aussi, allez savoir pourquoi, l'un de leurs morceaux les plus faibles -,
"Let's Make Love And Listen To Death From Above", ce qui nous laissera vaguement
frustrés : malgré les excellentes compositions - quelques magnifiques nouveaux morceaux en particulier -, malgré l'énergie tourbillonnante et bon enfant de
toute la petite troupe, on a eu droit ce soir-là à 60 minutes juste un tantinet
en deça du grand concert de Rock que CSS peut clairement offrir.
On dira que c'était la faute de la salle, du son trop sage, ou de la fatigue. Et on y retournera, pour voir...