La magie Persepolis transposée sur grand écran
Quand on a tant aimé un livre, surtout une oeuvre aussi essentielle pour la compréhension de notre époque que "Persepolis", on ne peut que redouter son adaptation - même par l'auteur elle-même - au cinéma : contrairement à ce que l'on pourrait penser, un gouffre sépare la liberté fondamentale de la BD et le totalitarisme de l'image animée. Et puis non ! Satrapi et Paronnaud ont tout compris, qui ont reconstruit une esthétique différente, une narration différente, bref un film qui approche esthétiquement "Persepolis" sous un autre angle, sans en trahir la verve ni la beauté. Bref, comme devant le livre, on rit, on pleure, on tremble, on serre des poings : si l'on peut regretter que la partie "enfance" est légèrement moins magique que dans le livre, la charge générale contre "les cons", qu'ils soient iraniens islamistes ou européens nantis, est toujours aussi virulente dans sa légèreté potache. Mais c'est l'amour qui a le dernier mot, avec le personnage bouleversant de la grand-mère, portée par la voix de Danielle Darrieux. Et c'est bien.