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Le journal d'un excessif
21 septembre 2007

The Raveonettes / The Cribs à la Maroquinerie (20 Sept 07)

2007_09_Da_Brazilians_Maroquinerie_003C’était ma première soirée “Inrocks Indie Rock Club” à la Maroquinerie, et pour mon dépucelage, on avait bien fait les choses : rien d’exceptionnel certes, mais un remarquable panorama, en trois groupes passionnants, de genres musicaux divers. Pas une seconde d’ennui donc au cours des trois heures de cette belle soirée, d’autant plus que le public était venu nombreux (concert sold out), et que notre petite bande était quasiment au complet.

On commence avec Da Brazilians, a priori un groupe “CQFD” des Inrocks, qui, à ma grande tristesse, n’avaient rien de Brésiliens, puisque s’auto-proclamant Normands, et ne jouant pas de la bossa nova, mais un sorte de folk rock harmonieux et léger. Dans les meilleurs moments, la voix de l’un des chanteurs (ils sont 3 au minimum à chanter ! Et plutôt bien...) évoque la beauté de Nick Drake, tandis que dans les plus anodins – mais quand même plaisants -, on se ballade sur les auto-routes ensoleillées de Californie, entre CSN&Y et America. Finalement assez surprenant, et, contre toute attente pour un groupe français s’inspirant de musique assez “étrangères”, un set très agréable.

La grande majorité du public, maintenant bien dense, est venu pour The2007_09_Raveonettes_Maroquinerie_021 Raveonettes, nos deux Danois “sexy” (enfin, elle surtout, parce que lui, il est surtout d’un sexe assez indifférencié !) qui ont copié sans vergogne The Jesus & Mary Chain, et sont passés de peu à côté du succès voici 3 ou 4 ans. Elle est très classe, cheveux platine et robe noire moulante, il cultive le look noir et blanc de rigueur pour ce genre de musique, leurs Fender jouent fort avec un maximum de fuzz, de distorsion et d’écho (belle brochette de pédales d’effets !), mais tous deux sont finalement éclipsés par leur batteur au look “Fidel Castro vintage” étonnant, qui joue debout derrière une caisse claire et un tom basse, et prouvera de sa frappe métronomique que l’école Moe Tucker fait toujours son effet. Les lumières sont dispendieuses, le son juste comme il faut en deçà du seuil de la douleur, et, si les voix mal mixées ont disparu derrière le mur électrique des guitares, cette musique produit régulièrement l’effet “physique” souhaité : fermez les yeux, vous sentez la transe s’approcher sous les vagues de décibels qui se déversent de l’ampli Fender Deluxe. Ne manquent que des compositions plus inspirées (à mon avis la principale faiblesse de The Raveonettes), et aussi un peu plus d’originalité dans ce “garage noise rock”. Ceci dit, le plaisir a bien été là.

Changement donc dans le public, les trentenaires un peu branchés s’en vont, les kids – dont quelques Anglais excités – arrivent. The Cribs déboulent sur scène comme des fous 2007_09_Cribs_Maroquinerie_017furieux, et après le chaos sonore élégant de The Raveonettes, c’est un choc certain que ces hurlements de hooligans éméchés dès le premier morceau ! On dirait que le guitariste chanteur s’est bien allumé la tronche pour se mettre en condition pour une entrée en scène aussi tonitruante. Même si les voix sont encore difficilement audibles du premier rang où nous sommes installés, j’ai l’impression que le bassiste, de l’autre côté de la scène, “chante” quand même mieux, mais, une fois encore – ce sera donc la soirée des batteurs – tous les regards se fixent sur le batteur de The Cribs, littéralement forcené, qui massacre ses peaux avec une fureur parfois démente (on le verra à plusieurs reprises se mettre debout sur ses fûts pour pouvoir les frapper plus fort encore !). La musique de The Cribs essaie de concilier les riffs saccadés de The Rakes – sans l’intelligence froide de ces derniers – et les mélodies simples de Kaiser Chiefs – sans l’inspiration de leurs amis : le résultat serait sans doute assez moyen si le tout n’était pas porté par une énergie exceptionnelle. The Cribs sont donc un groupe de scène, et Vincent et Gilles B. concorderont pour dire que ce set n’avait pas grand chose à voir avec les disques de nos compères de Wakefield. Inutile de dire que le public – les Anglais surtout – se déchaînera d’une belle manière, rendant la position de Gilles B. au centre de la scène assez douloureuse et difficile. On échappera d’ailleurs de très peu à l’échauffourée entre Gilles P. et un doux abruti qui croyait qu’il pourrait impunément lui donner des coups de coude dans le dos : bref, on était bien dans un concert de Rock ! Finalement, le moins bien, dans 2007_09_Cribs_Maroquinerie_049The Cribs, ce sont les tentatives de faire de la pop de stade (de foot) avec des “La la la” beuglés, alors que, quand ils se concentrent sur leurs guitares, ils atteignent une violence radicale des plus jouissives : preuve en fut faite sur l’avant-dernier morceau, où la guitare et les roulements hystériques de la batterie finirent par nous hacher menu, puis sur le final avec sacrifice rituel des instruments (.. mais pas jusqu’à la destruction qui se serait, à mon avis, imposée !). Tout cela faisait vraiment un bien fou, et inaugurait bien pour moi de cette nouvelle saison de concerts.

Nous sommes repartis dans la nuit fraîche avec la satisfaction du devoir accompli (un de plus sur la liste, de nouvelles anecdotes à se raconter dans les files d’attente) et de belles perspectives pour la fin d’année, bien chargée en plaisirs musicaux.

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