PTU"PTU" est sans doute le film le plus personnel, le plus extrême de l'esthète Johnny To : sur ce qui paraît au départ un scénario de polar convenu, on se perd peu à peu dans une sorte de transe suspendue, éblouis par les lumières crues qui transpercent la nuit invraisemblablement vide Hong Kong, hébétés par des micro-suspenses narratifs sans enjeu, voire sans objet (l'impressionnante scène du raid dans l'escalier, ou celle du téléphone portable sanglant, ou... tant d'autres encore). A condition d'abandonner au début du film toute velléité de "divertissement" - une attente pourtant raisonnable s'agissant d'un polar en provenance de Hong-Kong, ville reine s'il en est du cinéma d'action -, on se perdra dans cette stase aussi magnifique de parfaitement absurde - comique parfois aussi - jusqu'à ce qu'un gun fight immobile et sanglant vienne sonner le glas de cette nuit blême. Et que le cauchemar, même enchanteur, s'arrête.