Je ne manque jamais un film adapté du grand Philip K Dick, l'un des écrivains les plus visionnaires mais aussi les plus touchants des années 70, même si pour le moment, ses sujets ont donnés peu de chefs d'oeuvre ou même de bons films ("Blade Runner", "Minority Report" ? Et encore, Hollywood a en général du mal à affronter le trouble profond du héros "phildickien"). "Next" arrive lesté de maints handicaps : Nicolas Cage, invariablement ridicule depuis quelques années, Lee Tamahori, sombre tâcheron derrière la caméra, des méchants à tronches de Serbes mais qui parlent, forcément, français... on en passe et des meilleures... Les critiques se sont en outre déchaînés contre le film, qui n'est certes pas bien bon (on rigole une fois de plus sur la perruque de Cage, les dialogues sont d'une insignifiance rare, les effets spéciaux n'ont pas coûté très cher...). Pourtant, on ne peut pas s'empêcher de trouver passionnants les problèmes de narration et de représentation cinématographique posés par le sujet - les infinies possibilités de l'avenir immédiat -, et au niveau théorique du moins, le travail effectué, oscillant entre plusieurs options (film-cerveau à la Cronenberg quand on est dans la tête du "voyant", ou observation "externe" quand on est, comme les autres personnages, témoin de la maîtrise de ce dernier), ne laisse pas indifférent. Jusqu'à la fin, qui suivant le point de vue du spectateur, pourra être considérée comme incroyablement culottée (on a déjà tout vu, pas la peine de raconter la combinaison finale des différentes probabilités !) ou totalement démissionnaire (le scénariste, excédé, ayant quitté le plateau !). Bref, une sorte d'OVNI !