2008_03_The_Kills_076"Did you have a real good one ?" feulent les Kills... Pas sûr qu'on atteigne la pleine jouissance sur leur musique, qui est avant tout une pétrifiante danse de désir, une perpétuelle provocation sensuelle. Alison et Jamie fascinent immédiatement, beaux et cruels, impérieux et timides. L'électricité ruisselle littéralement de la scène, chaque riff de guitare sursaturé est comme un coup de griffes, chaque beat est comme un coup de fouet. Alison est une superbe panthère, tournant en rond dans la cage de son exaspération perpétuelle. Le son est, bien entendu, parfait, chaque crachotement vous saisit au bas ventre et au coeur en même temps. Oui, les Kills sont un rêve humide de rock'n'roll : difficile d'ailleurs de penser qu'ils ne sont pas amants (et pourtant Gilles me confirmera ensuite que, de là où il est placé, il voit Kate Moss en train d'attendre son chéri...2008_03_The_Kills_065 Pas jalouse, la Kate ?) tant il se dégage de ce corps à corps, de leurs regards brûlants une sensation d'accouplement perpétuellement désiré, repoussé, parfois déchirant. Alors, au milieu de ce superbe ballet de chats de gouttières, que manque-t-il ? Des chansons sans doute, qui ne soient pas que des spectres décharnés vêtus de fragments de chair blême ou brûlée. Cette absence de mélodie, de structure même dans la musique, réduite à un manège absurdement beau de cris et de soupirs électriques, empêche donc le plaisir, auquel on préfère ici la torture du désir. Ai-je dit que tout cela est fondamentalement magnifique, et, comme toutes les passions non consommées, aussi superficiel (poussières d'émotions déchirantes) qu'essentiel (la vie figurée comme une danse rituelle). Et beaucoup trop court : 55 minutes. Maudissons ces programmes trop chargés !