Bon, je vais commencer par vous avouer que, après
les 50 minutes de concert de Gogol Bordello, j'étais personnellement... 1) en
transes 2) complètement persuadé d'avoir vu mon concert de l'année (so far...)
3) prêt à rentrer chez moi parce que parfaitement comblé 4) admiratif quand même
de l'inconscience des Hives qui laissent un tel ouragan dévaster la salle avant
leur passage. L'Ukrainien Eugene Hültz - look indescriptible, regardez plutôt
les photos - et sa bande d'allumés des plus hétéroclites (un bassiste noir qui
nous a destroyé les tympans, un violoniste casquetté qui m'a fait penser à Bill
Murray, un guitariste rock pur et dur, deux choristes asiates super sexy et
surexcitées - ah le moment où les deux furies ont déboulé sur scène au milieu
d'une chanson en poussant des hurlements ! -, l'ajout d'un rappeur bon teint sur
un morceau, etc.) ne peuvent que plaire à ceux qui, comme moi, ont aimé The
Clash, la Mano Negra ou les Bérurier Noir, et le mélange improbable entre
folklore tsigane d'Europe de l'Est et punk contestataire (ou reggae/dub dans la
plus pure mouvance "Sandinista") fait un véritable malheur.
La musique est
régulièrement dévastatrice, accélérations endiablées, refrains évidents à hurler
de joie tous ensemble, romantisme larmoyant du violon tsigane, réminiscence
bouleversante de la rage politique millésimée 77, mais le show permanent
d'Eugene est LE bonus qui tue : Eugene boit une bouteille de vin au goulot, mais
par l'oreille ; Eugene étrangle un membre du service d'ordre - qui n'avait rien
demandé, le pauvre ! - avec le fil de son micro ; Eugene vient faire de
gigantesques doigts d'honneur au public (donc à Gilles et moi, par la même
occasion) de notre côté de la scène, parce qu'il nous trouve trop mous (il
viendra se racheter à la fin avec de grandes poignées de main !)... pas de répit
pour Eugene, pour nos tympans et pour le public. Le plus beau moment, qui m'a
fait littéralement hurler de plaisir, fut donc un superbe morceau reggae/dub
joliement rappé donc par un gros black, qui a fait ressurgir dans nos mémoires
la gloire intacte du Clash du début des années 80 (je ne connais pas encore les
titres, désolé ! mais j'ai acheté l'album à la sortie, donc je vais rattraper
cela !). A un moment, j'ai eu l'impression que Gogol Bordello reprenait un titre
de Dalida ("Wear purple
for me", quelque chose comme ça), avec deux couplets en
français et plusieurs références à la chanteuse... A la fin, Gogol Bordello a
fait exploser tous les potentiomètres rock avec son "Fuck Globally" vengeur.
Mais, moi, j'étais déjà conquis. Derrière moi, une blonde du même âge que nous,
donc dénotant au milieu des kids fans de The Hives, a appelé un videur pour
demander la set list - "Je suis venu spécialement pour eux", a-t-elle juré, pour
expliquer son insistance. Comme elle avait la foi, la dame, le videur a été
assez sympa pour aller la lui chercher, cette set list, et du coup, a été m'en
chercher une aussi pour moi. Sympa, Radikal !
Comme toujours, l'intégralité de ce compte rendu se trouve sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !