Revoir QueenAdreena après le show dévastateur
d'Auvers-sur-Oise, l'année dernière, c'était pour moi - fan de la dernière
heure, je l'avoue... - prendre le risque de me confronter à l'une de mes plus
frappantes révélations récentes, le risque de la déception. D'autant que le choc
de la découverte n'est plus là, ce soir au Trabendo, et qu'on a droit au même
show 100% sexe et 100% "performance" (oui, QueenAdreena est un groupe qui se
donne à 200%, surtout ce soir) : si la nuisette de Katie Jane Garside semble
s'être encore réduite (dixit Gilles B, spécialiste en nuisettes et en Katie
Janes), le reste reproduit le même spectacle généreux qu'à Auvers, avec la
chaise, les bouteilles de vin (le blanc bu au goulot, puis servant de pénis de
substitution à la belle), la furie continuelle pendant une heure. La différence
?
Quelques morceaux nouveaux, a priori - toujours pas d'album à l'horizon,
pourtant... -, mais surtout l'amour visible du public du Trabendo pour la "star"
déjantée, et peut-être une plus grande cohésion, une plus belle puissance des
musiciens (Gilles B. me jurera que "QueenAdreena est meilleur à chaque fois,
incroyable !"). En tout cas, dès le deuxième morceau, "In Red", dantesque, la
messe est dite : c'est la folie - au moins dans nos rangs -, c'est le bonheur,
c'est l'orgasme même... Oui, vous savez, ce fameux truc qui arrive un concert
sur dix au maximum, quand tout se conjugue - le son ultra-puissant de la guitare
dans vos oreilles martyrisées, l'excitation générale autour de vous, la musique
qui monte dans vos tripes comme une vague, le basculement dans la frénésie
incontrôlée... "In Red", ooooh ouuuuuiiii !
S'il y a finalement un frein à ce que ce fort, cet immense
plaisir se reproduise durant l'heure et quelque qui va suivre, c'est le
spectacle offert par Katie Jane - son beau corps nu, son visage convulsé dans la
rage et l'extase, ses cris de démence, toute cette sexualité à la fois sauvage
et hébétée qu'elle offre à son public : tout cela est tellement fascinant qu'il
nous arrive d'en oublier la musique. Personne ne peut quitter Katie Jane des
yeux, tant sa "performance" est intense, à la fois superbe d'indécence et
dérangeante de pudeur. Pourtant, en face de moi, Crispin est déchaîné, souriant,
visiblement heureux de cette générosité mutuelle entre "sa" chanteuse et le
public. Pourtant, de l'autre côté, la fascinante Nomi nous refait son ballet
post-Balde Runner, troublante avec son apparence de poupée blême aux mouvements
incohérents, mais joliment déterminée. Pourtant, dans le fond, Pete Howard est
un batteur monstrueux, conjuguant une cogne sans pitié - ah ! ces intros ! - et
une belle complexité sur certaines chansons. Avec tout ça, les photographes s'en
donnent à coeur joie, mais je finis par décider de ranger mon appareil, pour
mieux me concentrer sur la musique. A ce moment-là, un incident déplaisant se
produira derrière moi, alors qu'une furie qui a décidé d'atteindre à tout prix
le premier rang et essayé de se glisser violemment entre Gilles B et moi, est
apparemment prise en flagrant délit par son voisin avec la main dans sa poche...
Ce genre de problème, finalement assez rare, avec un autre spectateur
(spectatrice ici) - d'abord avec moi, puis avec le voisin, avant qu'elle se
résigne à se calmer -
gâche toujours un peu l'ambiance... Heureusement, on en
est arrivé à "Pretty Like Drugs", un peu différent de la version stupéfiante du
disque, mais sismique quand même. On en est à la dernière ligne droite du
concert de QueenAdreena, là où, paradoxalement, Crispin calme le jeu, et qu'on
enchaîne des morceaux plus "émotionnels" : "Pretty Polly", puis surtout, en
rappel, "Suck" et sa comptine incestueuse et perverse, et un magnifique
"Razorblade Sky" pour terminer, dans un déluge de guitare et l'extase finale de
Katie Jane... On se laisse dériver lentement dans un tourbillon de sensations
brumeuses, tout en même temps chaotiques et apaisantes, on se dit qu'un concert
de QueenAdreena reste l'une des expériences musicales, émotionnelles et
sexuelles les plus intenses possibles de nos jours.
Vous trouverez comme toujours l'intégralité de ce compte-rendu sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !