21 h 05, I'm
From Barcelona entrent sur scène, la salle est bien pleine, hormis le balcon,
fermé au public. Tout de suite, on se rend compte qu'ils sont moins nombreux que
la dernière fois, lors de leur magnifique set au Zénith, avant Bloc Party :
seulement (!) seize musiciens ce soir... Et le concert démarre avec un
enchaînement de titres moyens de leur second album, moyen aussi. Pas idéal pour
mettre l'ambiance, même si les choristes se démènent comme d'habitude pour
exciter le public. C'est que, indiscutablement, Emanuel confirme qu'il n'est pas
vraiment un joyeux drille, plutôt un gars bien torturé qui a recruté tous ses
copains pour faire diversion en jouant aux fous pendant que lui fait passer ses
chansons dépressives, voire sinistres. On sent nettement que la ferveur du
public retombe doucement. Alors, Emanuel, pas dupe, nous promet que la fête va
commencer bientôt, et s'excuse d'avoir encore un morceau lugubre à nous jouer
d'abord : ce sera d'ailleurs le meilleur dans le registre, "Music Killed Me",
qui montre un I'm Barcelona électrique et louchant vers les
atmosphères
gothiques du dernier Arcade Fire. Après ça, comme promis, place aux festivités,
place au délire : les canons à confettis vomissent un torrent de papier (rouge)
sur les premiers rangs, les ballons (tous rouges cette fois) déferlent du balcon
et des coulisses, on retrouve le I'm From Barcelona que l'on aime. A côté de
moi, Gilles B est déchaîné : il agite les bras dans tous les sens, me jette des
confettis sur la tête, fait "ouh ouh ouh", saute comme un kangourou qui vient de
croquer un piment (rouge). Je me prends un gros ballon (rouge aussi) en pleine
tronche, suite à un shoot malencontreux de l'un des choristes en face de moi :
comme j'avais gardé mes lunettes, ça fait un peu bobo ! (Dix minutes plus tard,
le dit choriste m'apportera une bière pour se faire pardonner, et l'un des
guitaristes viendra même me la décapsuler... sympa, les mecs !). Dans le
Bataclan, la mêlée générale a commencé et ne va plus s'arrêter, mais la bataille
rangée de ballons
(rouges, encore) a avant tout lieu dans la bonne humeur, et on
ne repérera aucun incident, aucun geste malheureux... le bon esprit règne. Pour
"Houdini", Emanuel fait monter sur scène deux spectatrices déguisées en
magicien(ne)s, puis il fait l'un de ses fameux sauts dans la foule, la scène est
envahie de ballons (rouges, toujours), ça bouge de partout, on parcourt
rapidement les titres phares du premier album que tout le monde chante en
choeur, et puis... c'est fini ! 45 minutes chrono, les musiciens sortent de
scène : un peu court tout de même !
Heureusement,
le rappel sera conséquent, une bonne demi-heure en tout, avec en introduction,
"Treehouse" que tout le monde attendait, et en conclusion une version étirée de
l'excellent "Rufus". C'est fini, et ce n'est pas vraiment fini non plus : une
partie des musiciens est descendue au milieu de la salle, et nous interprète une
version non amplifiée de "Ophelia" - tout cela évoque quand même pas mal Arcade
Fire, le génie en moins ! A priori, le concert se terminera même dans la rue
devant le Bataclan, d'après Christophe, mais nous, nous serons toujours à
l'intérieur à ce moment-là, à échanger nos impressions : pour moi, un concert
bien inférieur à la délirante explosion du Zénith l'année dernière, mais, quand
même, un beau, un très beau moment de plaisir musical que nous a offert ce
groupe différent, et fondamentalement généreux.
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