L'Olympia est - logiquement - pleine ce soir d'adolescentes, et l'ambiance est
au beau fixe au sein de notre petite troupe : Cécile raconte ses aventures
(ouououh) backstage avec les musiciens de Late of the Pier, Robert est très
stoïque et pro (pas un fan des KC, Robert ?), Gilles se remémore ses dernières
découvertes musicales et nous propose une nouvelle rafale de groupes à suivre
(Threamantics, on en ré-entendra parler, apparemment). Moi, je suis un peu
sceptique quant à la capacité de KC à délivrer la même excitation joyeuse qu'il
y a 2 ou 3 ans, l'âge et la célébrité croissants, d'autant que le triste "Live"
sorti en DVD montrait un groupe tombé du mauvais côté du systématisme et de
l'emphase. Bah, on verra bien !
Et pour voir, on a
vu : sans doute le meilleur concert de Kaiser Chiefs auquel
j'ai assisté, une heure et quinze minutes d'un rouleau compresseur de plaisir :
uniquement des chansons pop parfaites, alternant hymnes pour stades remplis de
supporters avinés ("Na Na Na Na"), punk rocks énervés ("Take My Temperature",
toujours l'occasion de vérifier que Kaiser Chiefs ne sont pas qu'une machine à
hits, mais sont aussi un vrai groupe de rock) et rares moments de légèreté pop
("Good Days Bad Days", du côté de Madness, et surtout, non prévu sur la set
list, un impeccable "Tomato In The Rain" en ouverture de rappel, mon titre
préféré à moi sur le troisième album). S'il y a une limite à la "méthode Kaiser
Chiefs", c'est sans doute l'aspect quasi machine monstrueuse que le groupe
revêt, ce mélange de puissance scénique (un peu sans
âme, c'est vrai...) toute
entière au service de cette quinzaine de compositions impeccables... le tout ne
permettant jamais au public de reprendre son souffle. On hurle, on agite les
mains, on saute de bas en haut, on slamme (pour les plus jeunes), on arrive même
à monter sur scène malgré le service d'ordre redoutable (joli moment de
gentillesse de la part de Ricky Wilson, qui sauve une frêle jeune fille des bras
des brutes pour la recueillir sur scène, la prendre en photo, etc.), on n'a pas
une minute pour respirer. Ricky est là en Monsieur Loyal de ce cirque, relançant
les hurlements et l'excitation à la moindre menace de baisse de régime,
descendant dans la fosse pour se jucher sur la barrière, au contact avec ses
admiratrices. Devant, on arrive à s'y raccrocher, à cette barrière, ce qui fait
qu'on ne souffre pas trop de l'empoignade générale (Cécile, derrière nous, est
rapidement éjectée...), on baigne - ravis - dans ce son renversant(fort, très
fort même, mais toujours clair et équilibré) que l'Olympia est la seule salle
parisienne à offrir avec ce degré de perfection. Entre deux hymnes reprises à
gorge déployée, on regarde les musiciens, impeccables, semblant un peu plus
détendus qu'à l'habitude, qui, sans virtuosité excessive - ce serait déplacé par
rapport à cette musique assez "basique" - assurent avec un mélange d'efficacité
et de sobriété pour le moins rassurant. Ce qui distinguera ce concert des
autres, ce sera la capacité que Ricky et sa bande auront de faire par instants
monter encore la pression, alors qu'on se trouve déjà dans une quasi extase
continue (d'ailleurs je regarde mon Gilles qui part régulièrement en vrille à
côté...) - au delà d'un "Na Na Na Na" - déjà cité - singulièrement cogneur, on
aura senti le souffle des grands concerts passer sur "History", sur "Ruby" (bien
entendu), et, inévitablement, sur le "crowd pleaser" final et rituel de "Oh My
God", toujours démentiel dans son alternance entre couplet paradoxal et
refrain à hurler en choeur, les larmes aux yeux et le coeur
serré.
Voilà, c'est fini,
une fois de plus on a été bluffés par ce groupe "populaire" qu'il peut paraître
de bon goût de mépriser (trop facile, d'écrire de tels chansons imparables ? I
don't think so !), mais qui rejoue à l'envi le grand spectacle de la pop
triomphante, dans la lignée des Beatles ou des Kinks des débuts. Oui, voilà,
c'est fini, et le groupe quitte la scène sur la ritournelle de "Waltz in Black"
des Stranglers, ce qui ne saurait mieux tomber, puisque la semaine prochaine, ce
sera au concert des Stranglers, dans cette même salle, que nous nous
retrouverons.
L'intégralité de ce compte-rendu se trouve sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !