"Benjamin Button" de David Fincher
"Benjamin Button" se présente comme un grand film romantique, ce qui se traduit par une succession de scènes à fort pathos (oui, on versera un torrent de larmes pendant ces presque 3 heures d'une vie à rebours), construit sur un "pur concept" (Benjamin vit son existence à l'envers du reste de l'humanité, et le film nous propose d'être témoin des conséquences de cette bizarrerie). Bref, un film malin qui essaye, sous la férule magistrale de Fincher, de concilier charme éternel et jeux post-modernes. Las ! Le film ne fonctionne qu'à moitié, tiré vers le fond par l'inanité d'une idée qui est traitée sans poésie (on est loin d'un Vonnegut Jr. auquel on est en droit de penser) ni humour aucun (que la vie est sinistre, hormis à de rares moments quand le bonheur surgit, garanti - dans une logique bien actuelle - par la fortune et la position sociale... voir les ridicules images d'Epinal de la "lune de miel" en yacht). "Benjamin Button" déploie toute sa machinerie d'effets spéciaux de luxe en vain : on aura passé 3 heures à fixer les transformations du visage de Brad Pitt, obnubilés par la magie numérique, sans rien avoir entendu d'autre que des banalités sur le sens de la vie. Sans rien avoir vécu, sans rien avoir appris.