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Le journal d'un excessif
20 mars 2009

Buzzcocks au Trabendo le jeudi 19 mars

2009_03_Buzzcocks_057Quand Buzzcocks entrent en scène, il faut bien dire que ce n'est pas la joie : Pete Shelley, qui n'a jamais été bien folichon, même à 20 ans, admettons-le, ressemble maintenant à une version un peu plus chevelue de Balladur, a autant de charisme que lui, mais bouge un peu moins sur scène. Face à moi, il y a Steve Diggle, qui a clairement vieilli avec plus de classe et va nous faire le show ce soir : ravi, puis rapidement déchaîné, il virevolte, gesticule, harangue le public, serre les mains, conspue MTV, crache abondamment, rayonne et tempête. On ne s'ennuie pas en face de Steve Diggle qui, il faut le bien dire, EST Buzzcocks à lui tout seul ce soir : il est d'ailleurs le seul à être en pleine lumière, alors que Shelley rôde dans le noir (bonjour les photos !), et que les deux autres membres du groupe ne sont que de jeunes accompagnateurs compétents. Mieux encore, tous les morceaux exceptionnels de ce soir seront les siens, de Autonomy à un magnifique Harmony in my Head en final après 1 h 40 de concert. La voix de Shelley, elle, est constamment sous-mixée, ce qui nous privera largement du plaisir qu'auraient dû faire naître en nous des hymnes pop immortelles comme Ever Fallen In Love? (à mon avis l'une des cinq plus grandes chansons pop jamais écrites...) ou What Do I Get? Car on en arrive à LA grande caractéristique du concert de Buzzcocks en ce 2009_03_Buzzcocks_058jeudi 19 mars mémorable : LE NIVEAU SONORE des guitares, et de la guitare de Diggle en particulier. ENORME. Presque INSOUTENABLE. En gros, pour ceux qui y étaient, je ne trouve que le souvenir d'un concert mémorable de Wedding Present à Portsmouth à l'époque de Kennedy : nous avons vécu 1 h 40 de déchirements incessants des tympans, chaque riff aigu de la Telecaster blanche de Diggle nous détruisant un peu plus l'ouïe, sans doute de manière permanente. Et au milieu du set, Diggle, avec un air de maniaque, a mis le potentiomètre de son Marshall sur la position maximale, et à partir de ce moment-là, d'où j'étais placé, en face de lui, plus rien d'autre n'a été audible, même la batterie avait du mal à franchir le mur de barbelés sanglants que Diggle dressait. Inutile de dire que ce concert a été avant tout une célébration de LA GUITARE, et nous a permis de nous souvenir que Buzzcocks, qu'on a tendance à ranger dans la catégorie "pop-punk" du fait du talent de compositeur de Shelley, a été aussi un formidable groupe novateur, dans sa manière de construire des morceaux quasi-abstraits sur des riffs de mitraillette, créant une sorte d'abrutissement du public, littéralement "vitrifié" par le niveau sonore.

Le public, parlons-en justement. Dès le riff de Boredom annonçant le terrible Fast Cars ("I Hate / Fast Cars"), un pogo géant s'est déclenché dans un Trabendo qu'on avait 2009_03_Buzzcocks_077rarement vu aussi agité, et les coups ont commencé à pleuvoir sur mon dos. Quelques minutes plus tard, une altercation sauvage se déclencha entre le groupe des photographes et deux femmes d'une trentaine d'années décidées clairement à "faire chier le monde" : j'ai donc entrevu notre cher Robert, pourtant l'homme le plus gentil du monde, faire le coup de poing, et j'ai reçu la moitié d'un grand verre de bière sur moi, avant que la seconde moitié soit jetée au visage de la photographe à mes côtés. Ensuite, comme je le disais, le niveau sonore hallucinant et les grands morceaux que sont Fiction Romance ou Pulsebeat (terrible !) ont plongé le public dans un sorte de coma hébété. La seconde moitié du set, consacrée à "Love Bites", un album que je connais moins que "Another Music in a Different Kitchen", et que je trouve moins intéressant, a été assez ennuyeuse, faisant retomber l'ambiance, malgré ce boute-en-train de Steve Diggle. Cela m'a permis d'ailleurs de réfléchir à mon aise sur ce concept bizarre qui fait rejouer aux groupes d'hier leurs grands albums mythiques DANS L'ORDRE EXACT des morceaux : difficile, malgré la violence punk dégagée par Buzzcocks, d'échapper à un vague malaise... Ne sommes-nous pas en fait dans un monde de cauchemar, d'où toute spontanéité a été évacuée, et où ne compte que la précision technique avec laquelle sont recréés les sons d'une époque révolue ? Tout cela m'a plongé dans une sorte de tristesse, loin de l'excitation qu'un tel concert aurait dû faire naître en moi.

Heureusement, Buzzcocks sont revenus pour un long rappel, enchaînant sans break neuf (9 !) de leurs 2009_03_Buzzcocks_066meilleurs singles (ça avait une petite allure de "Singles Go Steady", pour ceux qui connaissent cette magnifique compilation), joués à fond la caisse, tous excellents malgré l'exagération flagrante du niveau sonore qui avait à ce moment-là définitivement flingué notre ouïe pour le reste de la soirée. Le pogo avait repris de plus belle dans la salle, la violence aussi. A la fin du concert, nous avons eu encore un règlement de compte, provoqué, si j'ai bien compris, malgré elle par la photographe qui voulait poliment se rabibocher avec son assaillante : résultat, un coup de poing en pleine figure de la part du mec de la dite assaillante. Bonjour l'ambiance... Et puis, après réflexion, je me suis dit que c'était très bien comme ça : quitte à faire semblant d'être en 77, autant qu'on retrouve la méchanceté et la violence du public de l'époque, et ce genre de comportements extrêmes qui ont largement disparu aujourd'hui des concerts.

Retrouvez bien entendu l'intégrale de ce compte-rendu sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !

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