La chaleur est déjà insoutenable dans le Bataclan complet, comme à l'habitude,
et je me résous cette fois à enlever une de mes couches (rassurez-vous il me
reste mon Damart sous ma chemise, qui ne me quitte jamais...!) alors que Gilles
B et Julie transpirent déjà en débardeurs. On est un peu surpris de voir que les
roadies installent beaucoup de matériel, les Ting Tings seraient-ils désormais
plus qu'un duo ?
Non, rassurez-vous,
l'estrade et les claviers supplémentaires ne sont là que pour permettre plus de
combinaisons sur scène au couple Jules + Katie... Par contre, à l'arrière,
quatre micros permettront d'accueillir des cuivres, tenus par quatre jeunes
femmes au look synthétique savoureux, qui viendront faire quelques interventions
bien senties, la meilleure s'avérant sur We Started Nothing, dont la
puissance en sortira encore renforcée... Bon, soyons honnête, ce concert de
The Ting Tings n'atteindra pas le niveau d'hystérie et d'extase
de celui de la Cigale, il y a quelques mois,... mais la faute en incombe plus au
public, heureux et enthousiaste, mais curieusement sage et retenu ce soir (rien
à voir avec la masse en furie qui explosait littéralement au Festival des
Inrocks...) qu'à Katie et Jules, qui seront au moins aussi bons. Car dès
l'intro, un très beau - et légèrement remanié - We Walk, et le second
morceau, l'irrésistible Great DJ, il est clair que The Ting Tings
confirment leur stature de groupe de scène, transcendant la joliesse pop et
l'electro-funk énergique de l'album en une déferlante de percussions - Jules est
un fauve derrière ses fûts - et de riffs de guitare ininterrompus : les chansons
se transforment en monstres de rythme et d'intensité, s'accélérant et
s'accentuant régulièrement en montées de plaisir. Petite pause avec une version
détendue et spectaculaire de Traffic Light, qui permet de constater que
Katie chante vraiment très bien, et c'est reparti
jusqu'au final, avec un
Shut Up and let Me Go plus Talking Heads que jamais. Voilà, moins de 45
minutes et c'est déjà le rappel, avec une intro pendant laquelle Jules fait le
DJ (Walk This Way / Good Times /
Ghostbusters...) avant d'empoigner une basse Fender pour un bel
Impacilla Carpisung. Vient la transe finale de That's Not My
Name, et on essaye en vain d'accrocher l'extase qu'on sent pourtant à notre
portée...
Bon, The Ting Tings
ne nous ont pas déçus ce soir, même si l'on remarquera que, cuivres mis à part,
le set était sensiblement semblable à celui des Inrocks : non, ce sera bel et
bien le public qui ne sera pas laissé entraîner dans la folie electro de la
musique des Ting Tings, et qui n'aura donc pas permis à ce concert d'atteindre
les sommets dont il était proche. Mais bon, c'est aussi ce genre d'aléas qui
fait la beauté et la magie de la musique live, ces impondérables qui distinguent
une simple bonne soirée d'un grand moment inoubliable.
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