20 h 55, The
Fleshtones entrent sur scène, et une heure et demi plus tard, il est
toujours - et ce depuis 1982 - impossible de trouver quelque chose de négatif à
dire sur un de leurs concerts : quelque part, cette heure et demi-là, c'est une
sorte de distillation exquise de l'essence du rock'n'roll. Si l'on admet bien
volontiers qu'un concert des Fleshtones en 2009 n'est plus ce grandiose foutoir
qui nous emballait littéralement il y a 25 ans, il est tout de même toujours
quasi impossible de dégotter un groupe qui joue du rock aussi tranchant - plus
traditionnel aujourd'hui, plus rythm'n'blues, moins garage-punk - en nous
faisant autant marrer ! Zaremba continue à jouer au trublion
perpétuellement insaisissable, martyrisant (pour rire) Streng et Fox (le
"nouveau" bassiste, dans le groupe depuis 19 ans seulement !), faisant descendre
le groupe tous les trois morceaux dans la foule, ou faisant monter sur scène des
spectateurs choisis : et quel choix ce soir ! On a pu voir une punkette d'une
douzaine d'années (au pif) avec son t-shirt Sex Pistols remplacer haut la main
Ken Fox à la basse sursaturée pendant cinq bonnes minutes, et
faire la fierté de
ses parents... Puis plus tard, une stupéfiante blonde atomique hissée sur scène
pour venir chanter avec le groupe, avec une voix et une aisance de mini-rock
star (j'avais d'ailleurs l'impression de la connaître, mais sans Gilles B - le
spécialiste des rockeuses blondes incendiaires - à mes côtés, je ne suis pas
arrivé à mettre un nom sur son visage) ! Oui, bien sûr, les Fleshtones ont quant
à eux joué et chanté au milieu de la foule, debout sur le bar, puis jusque dans
la rue à la fin (j'étais resté dans la salle, attendant qu'ils reviennent). Oui,
Zaremba était réellement enchanté d'être là, il connaissait un bon tiers du
public visiblement, vu les signes amicaux, les private jokes, les poignées de
main, et il a répété qu'il se sentait "at home" ici ! Oui, les Fleshtones ont
enchaîné les morceaux joués à la mitraillette - beaucoup plus de mélodies
efficaces, de riffs qu'il y a 25 ans - tout en nous faisant le coup
de la
chorégraphie différente quasi à chaque chanson : et leurs danses et leurs
mimiques, on a beau les connaître par coeur depuis le temps, on ne s'en lasse
pas ! Oui, tout le monde - ou presque - dans le Nouveau Casino au final bien
rempli, avait la banane, a chanté les "Sha La La" de The Vindicators,
et sur The Dreg, j'ai senti un délicieux frisson me parcourir le dos,
juste au moment où le concert a été à deux doigts de basculer dans le
véritablement exceptionnel ! A la fin, rappelés de la rue par la divine blonde
qui avait sans façon empoigné le micro abandonné dans la salle pour se lancer
dans un chant gospel-soul assez magique (pas possible que ça ne soit pas une
chanteuse professionnelle !), nos amis Fleshtones sont remontés sur scène malgré
le couvre feu qui s'approchait, et nous ont gratifiés d'un medley complètement
"feelgood", avec I've Gotta Change My Life, Hope Come Back,
Shadow Line, etc. Oui, oui, nous avons passé une soirée formidable,
plutôt meilleure que la précédente à la Locomotive, sans
doute grâce à
l'alchimie de la salle, bien plus appropriée pour ce genre de fête
décomplexée...
Voilà... certes, on ne
peut plus dire que le Fleshtones soient le meilleur groupe de scène de la
planète, mais ils ont gardé de leur âge d'or une énergie, un enthousiasme, bref
une jeunesse que bien des groupes qui ont un tiers de leur âge peuvent leur
envier... Et nous, dans la salle, qui avions en majorité la quarantaine bien
tapée, voire la cinquantaine, nous nous sentions - pour une fois - heureux et
fiers de notre âge, heureux et fiers d'être absolument contemporains d'un tel
groupe.
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