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On sait Emmanuel Carrère passionné par P.K. Dick, et dès lors,
on peut lire "La moustache" comme une interprétation "à la française" des
célèbres basculements de la réalité chers au génie américain... "A la
française", car explorant avec une délectation perverse les tourments
psychologiques provoqués chez ses victimes un tel basculement. Jusqu'à une
conclusion littéralement insoutenable, mais parfaitement cohérente, puisqu'en
trouvant une sortie au cauchemar des "univers parallèles", le héros de cette
sombre histoire ne peut que prendre acte de la vacuité irréversible du concept
de réalité. Et en tirer la seule conclusion possible... Une dernière remarque :
on se souvient du film troublant mais assez tiède que Carrère lui-même avait
tiré de ce grand petit livre, et on regrette maintenant que ce n'ait pas été
Cronenberg qui ait créé le "film-cerveau" radical et gore que ce "livre-cerveau" appelait
logiquement.