Tout le
monde ne peut pas s’appeler Björk... et c’est, en deux mots brutaux, le
problème d’Emiliana Torrini,
qui n’a ni le
charme, ni la voix, ni le talent de compositrice de son illustrissime
compatriote. Vous me direz, c’est parfaitement injuste de faire cette
comparaison, on ne va pas demander à Miossec de chanter comme Johnny (hi hi)
parce qu’il est lui aussi français, mais bon 1) l’Islande, c’est vraiment
petit, et on ne connaît pas tant que cela d’Islandaises écumant le monde la pop
2) il y a chez Emiliana quelque chose qui évoque Björk, que ce soit dans «
l’exotisme » de ses traits comme dans ses (timides) tentatives de conjuguer
maints genres musicaux différents dans un style que l’on pourrait qualifier de
new age / néo-planétaire. Je ne connaissais d’ailleurs aucun morceau d’Emiliana
Torrini à l’avance, sauf Me and Armini
– courtesy of Gilles B, je crois – mais je suis arrivé le cœur et l’âme grand
ouverts pour me laisser envahir par des émotions, pour me laisser
bouleverser... sauf que, justement... rien, il ne s’est rien passé, ou à peu
près rien, ce soir, dans la salle pourtant facilement hantée de l’Olympia. Une
heure trente environ de morceaux fades et pas désagréables, mais pas
particulièrement « saillants » non plus, interprétés par des musiciens entre
deux âges qui m’ont paru très professionnels (un look sympa, assez bobo quand
même, dans le genre bohème chic décalé), et chantés d’une voix très belle, très
juste, mais pas particulièrement exceptionnelle non plus. Finalement, je me
rends compte que, quelques heures plus tard, quand j’essaie de me remémorer ce
concert, je me souviens plus des drôles d’anecdotes racontées par Emiliana
entre ses chansons (la photo prise dans les pipi-rooms d’une station d’autoroute
où elle voyait le faux bois de la porte s’animer de « petites créatures », qui
lui a valu l’ire de sa voisine de gogue l’accusant de voyeurisme ; la chanson
écrite puis oubliée sous l’emprise du whisky et de la magie d’une lime à ongles
qui les fait particulièrement briller... euh, il faut diminuer ta consommation
de substances psychotropes, Emiliana, même si la nuit est longue en Islande !)
que des chansons elle-même.
Je me
souviens quand même qu’après trois longs, longs quarts d’heure passés à
contempler le plafond et le public vaguement souriant et engourdi de l’Olympia
sur des chansons mid tempo sans grand intérêt, on s’est un peu animé sur
l’intro de Me and Armini, qui
n’a pourtant pas donné grand’ chose ensuite ; que,
quelques minutes plus tard, il y a eu LA chanson de la soirée, un beau et
amusant Jungle Fever un peu
enlevé, qui a enfin réveillé tout le monde ; et que, sur la fin, le ton s’est
électrifié et durci sur un morceau long, sombre et orageux, intitulé Gun sur la set list : il y a eu alors
un sursaut d’intensité qui m’a laissé penser qu’Emiliana pourrait peut-être
abandonner ses velléités de devenir « pixie number 2 from Iceland » en chantant
des comptines illuminées sur des fantômes qui se matérialisent dans les verres
de whiskies, ou de prouver qu’elle est une jeune
femme sensible qui aime faire l’amour en buvant du vin devant un bon feu de
bois alors que le blizzard rugit dehors, et dont le cœur saigne quand elle s’aperçoit
que son amoureux la trompe avec sa meilleure amie, ce genre de choses... et
qu’elle pourrait envisager une carrière de prêtresse « dark » façon Siouxsie du
Grand Nord... Mais il faudrait aussi qu’elle change de garde robe, car quand on
est formaté « petit boudin » comme elle, le style robe hippie dénichée aux
puces, ça fait pas trop rock’n’roll. Mais bon, ce que j’en dis, moi...
Allez maintenant sur le blog des Rock'n'Roll Mother f***s pour lire le compte rendu intégral de cette soirée !