Première
impression déconcertante quand The Sounds entrent en
scène, les garçons tous seuls d'abord : Jesper Anderberg joue du piano et
chante, planqué derrière la scène, et les autres garçons s'instillent en prenant
des poses de rock stars / gravures de mode,... on se croirait dans une pub pour
un parfum américain pour les djeunss, ça craint un max ! Puis Maja entre en
scène, bombe nucléaire blonde, moulée dans un short de cuir, bas mi-résilles,
mi-cuir, perfecto noir, et tatouages envahissants sur les bras, visage émacié de
poupée scandinave pour peep show... le moins qu'on puise dire, c'est que the
Sounds ne font pas dans la dentelle. Le son bombarde un maximum, c'est à peine
si on distingue quoi que ce soit tant le niveau sonore est dévastateur... mais
ça va s'arranger : non, le niveau sonore ne baissera pas, mais les instruments
et la voix deviendront plus audibles... Sur scène, c'est une débauche
continuelle d'effets propres à exciter la foule : poses sexy de Maja, musiciens
déchaînés qui parcourent la grande scène de long en large, il y a un moment où
je me demande si je ne suis pas dans un show Disney pour pré-ados tant tout cela
ressemble à de la caricature de rock'n'roll, du pur premier degré ou de la
manipulation assez putassière... loin, loin de la munificence pop de l'album
"Dying To say To You", que j'adore... Le premier titre, c'est le superbe
Queen of Apology, sauf qu'il va falloir visiblement s'habituer à ce que
cette musique soit jouée au lance-flammes, soit transformée en un spectacle sons
et lumières destiné à plaire à tous les minets et toutes les minettes qui
hurlent dans la salle bondée... Et ça continue de plus belle, Maja nous la joue
femme sévèrement burnée, manipulant ses "toy boys" en dominatrice affirmée, se
frottant contre l'un ou l'autre, excitant ensuite la foule comme une Joan Jett
qui serait tombée dans le ruisseau et se serait relevée couverte de fange. Oui,
The Sounds, contrairement à ce que j'attendais, c'est de la musique vulgaire :
autant s'y faire, c'est plutôt Transvision Vamp que Blondie, en fait, si l'on y
réfléchit bien... Après une bonne série de morceaux-baston, on a droit à la
pause chansons douces, pafaite pour agiter les téléphones portables à bout de
bras en rythme (comme pour un concert de U2, si si !) et chanter en choeur. Et
ça culmine avec le poignant et irrésistible Night After Night, qui me
rappelle vraiment les Bangles (vous voyez le registre...). Des milliers de
personnes chantent, et à condition d'abandonner tout esprit critique et second
degré, c'est diablement efficace. Maja nous avoue être émue par tant de ferveur,
et ça me paraît assez sincère, comme réaction...
... Sauf que
c'est là que le concert se met à décoller : l'excellent 4 Songs & A
Fight, extrait du dernier (et moyen) album, "Crossing the Rubicon", met le
feu aux poudres, et à partir de là, ça va cogner encore plus fort. Le formidable
Painted By Numbers m'offre enfin la révélation : The Sounds est un
extraordinaire groupe de scène, ce soir, porté qu'il est par l'enthousiasme des
Madrilènes, qui ne sont pas loin de constituer un public idéal (l'excitation
intense, sans la violence... un rêve !). Tout le monte chante en chœur les
"Nana na", les filles puis les garçons, c'est tout simplement parfait... Oui, je
suis frappé par la perfection du moment : une grande chanson pop jouée à fond la
caisse, avec tous les
potentiomètres sur 11, une blonde qui fait fantasmer les mecs comme les filles
dans son cuir moulant (moi, je l'ai trouvée assez masculine, la Maja, genre transsexuel avec les hormones
qui déconnent, avec ses pas de boxeur, et ses tatouages "butch")... J'ai jeté
tous mes préjugés, et j'admets que le Rock'n'roll, c'est avant tout ça, cette
sorte de bêtise géniale, qui d'un coup se met à tout transcender. Et le pire,
c'est que ça devient encore meilleur : Living In America, petite
merveille d'excitation primaire et bestiale. Le groupe a une dynamique
redoutable, on ne sait plus où poser son regard, ça pète et ça gicle de tous les
côtés, tout le monde s'amuse, sur la scène comme dans la salle.
Ouf, deux minutes de pause pour laisser refroidir les oreilles fumantes, mais on déchante vite... on nous balance dans la sono une nouvelle intro aux infra basses redoutables : ça y est, on est sourds ! Et c'est avec le superbe Tony the Beat que The Sounds nous montre ce que Ting Tings pourraient faire, s'ils étaient plus de deux et lâchaient toutes les amarres... De l'electro rock magistrale, ni plus ni moins, Le niveau sonore a encore monté, on est tous ivres sous les décharges électriques, on a presque hâte que ça s'arrête... Ils font monter sur scène une fille aux cheveux roses pour jouer avec eux... Song With A Mission, puis on finit avec Hope You're Happy Now, conclusion parfaite : tu parles qu'on est heureux... Il ne nous reste plus beaucoup de neurones en état de fonctionner, mais c'était une putain de soirée de putain de rock'n'roll...
Voilà, c'est
fini, on a eu droit à pas mal de spectacle : Felix Rodriguez, le guitariste au
look de minet, a joué grimpé sur les épaules de son copain, Maja est venue
éteindre les mecs et les filles du premier range (j'en suis sorti tout
barbouillé de sa sueur), puis qui, remontée sur scène, s'est essuyé l'entrejambe
avec une serviette éponge avant de la balancer aux admirateurs/trices. etc. etc.
Je me rends compte qu'il y en aurait à dire encore et encore, mais je vais
arrêter là. Vous avez compris que ce soir, c'était l'éternel retour du
rock'n'roll qui défilait en ville, et qu'on a tous fini par avoir 15 ans à
nouveau. Et ça, c'est le miracle de The Sounds. Play It Loud, baby !
PS : Le CR complet de la soirée est sur le blog des R'n'RMf***s !