Editors au Palacio Vistalegre (Madrid) le mercredi 9 décembre
Une fois
de plus, ce sera surprenant pour nous, Français, habitués au chaos parisien, de
constater combien tout le set d'Editors
se déroulera dans une ferveur calme, sans bousculade ni compression :
décidément, il y a un sacré confort à assister à des concerts de rock à Madrid
! Conditions idéales pour nous donc, au premier rang, avec une belle vue sur la
scène, du fait de la largeur de la fosse, avec un son impressionnant, fort et
incroyablement clair - jamais nous n'aurons aussi bien entendu la voix de Tom
Smith en live, et ce qu'il fait est constamment impressionnant. Par rapport à
la tournée précédente, la disposition de la scène a changé, avec un bloc de
claviers - nouveau style musical oblige - au milieu de la scène, séparant Chris
Urbanovicz (qui alterne donc désormais entre sa guitare Rickenbaker et ses
synthés vintage) et Tom Smith. Il faut donc plus que jamais se placer à gauche
(c'est là que nous sommes...) dans la mesure où Tom Smith nous fait
maintenant face lorsqu'il est au piano. Le groupe attaque avec
l'impressionnante intro de son dernier album, In This Light And On This Evening, et c'est immédiatement
MAGIQUE, avec ce démarrage dans le dernier quart du morceau, qui soulève
littéralement la salle toute entière ! Un morceau, et c'est déjà gagné,
j'ai l'impression que Editors n'a jamais encore été aussi bon... Et ce d'autant
qu'ils enchaînent avec An End Has A Start
- beau à pleurer - puis Blood,
puissant ! Je me retiens quand même de crier au miracle, car l'expérience a
prouvé qu'Editors a du mal à maintenir ce genre de perfection tout au long de
son set, et ce soir ne va pas faire exception... sauf que la redescente ne sera
pas directement dûe à Tom Smith et à sa bande, mais à un problème
inattendu de sono... une sono qui lâche en plein milieu du superbe The Boxer ! Le groupe quitte la scène,
la frustration est insoutenable, d'autant que le break s'éternise : lumières
rallumées, musique d'ambiance, tout y est pour que l'atmosphère soit gâchée...
Et ce d'autant que, quand Editors remonte sur scène, nous constatons que la
guitare de Chris Urbanowicz est maintenant complètement sous-mixée, quasiment inaudible
derrière les assauts de la basse et de la telecaster de Tom Smith ! Ô
rage, ô désespoir... les choses rentrerons peu à peu dans l'ordre, mais le
concert va mettre du temps à redécoller - une belle version de Escape The Nest n'y suffira pas complètement...
Jusqu'à un The Racing Rats
prodigieux, le climax de la soirée, le moment où on aura senti qu'Editors est
en passe de devenir un groupe immense : oui, ce soir, The Racing Rats aura fait hurler les
milliers de personnes présentes, et dresser les cheveux sur la tête à la grande
majorité d'entre nous ! Et là, bizarre, bizarre, la set list prend la tangente
: au milieu de toutes les merveilles figurant sur les 3 albums du groupe, le
choix se porte alors sur des morceaux faibles du dernier album (Eat raw Meat = Blood Drool, sans aucun
intérêt, comme sur le disque) ou des extraits peu connus du premier (comme ce Like Treasure, pas mal, mais bon...).
Pour un Smokers... (pas gardé
pour le rappel, désormais) consensuel, plusieurs morceaux tièdes !
Mais on
attend le rappel, et on ne va pas être déçus, même s'il commence en mode bémol
avec un Walk The Fleet Road
"just so-so...", parce qu'ensuite, la poudre va parler : imaginez
seulement... On commence avec Munich,
qui fait rugir de plaisir tous les fans de la première heure, et il y en a
beaucoup dans la salle, vu que, encore une fois, tout le monde chante les
paroles par cœur. Puis, le titre que j'attends, mon coup de cœur perso de 2009,
le magnifique Papillon, une sorte de
consécration pop qui voit enfin Editors échapper à l'ombre envahissante de Joy
Division pour nous livrer une chanson de pure jouissance. Et on termine avec Fingers in the Factory, comme à la
grande époque de leurs débuts, histoire de bien marteler leur suprématie !
1 h 42 en tout, mais en incluant 10 minutes de
break technique et deux minutes avant le rappel, Editors a joué les 90 minutes
réglementaires, ce qui frustre quand on pense aux merveilles qui n'ont pas eu
leur place ce soir sur la set list... Une set list au final astucieuse, équilibrée
entre "crowd pleasers" et morceaux peu connus, et avec ces chansons
certes plus faibles de "In This Light and On This Evening" qui
apportent une vraie respiration au concert, une variété d'ambiances qui corrige
ce qui était le gros défaut du groupe en scène jusque là, l'uniformité. Bref,
Editors a tout aujourd'hui pour passer au mega-stardom planétaire : un chanteur
exceptionnel, qui est en outre un vrai showman passionnant à observer (ces
mimiques, ces contorsions, cette passion de tous les instants dans son
interprétation...), des chansons fédératrices, quelques hits, et une grande
maîtrise de leur Art. Ceci dit, personnellement, je n'ai rien contre le
fait qu'ils restent modérément connus aussi, car partager un groupe qu'on aime
aussi intensément avec toute la planète, c'est forcément beaucoup de jalousie
en perspective !
Comme toujours, l'intégralité de ce compte rendu figurera sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !