Eli Paperboy Reed à la Joy Eslava (Madrid) le Jeudi 7 Janvier
21 h 18 : c'est avec 3 minutes de
retard seulement sur l'horaire prévu que les 7 musiciens des True Loves (4 blancs, 3 blacks, donc l'un des rares groupes mixtes qui existent, cela
vaut la peine d'être signalé !) montent sur scène, pour une courte intro
musicale, et un speech façon Mr Loyal pour nous présenter le jeune Eli "Paperboy" Reed, prodige vocal du rythm'n'blues revival... Costume
brillant couleur bronze, pompes bleues pointues et brillantes (pas le daim
rituel, donc !), avec quelques kilos en plus, Eli fait immédiatement preuve
d'indéniables progrès dans la maitrise de la scène et le contact avec le
public, par rapport à la 1ère fois où je l'avais vu, à la Maroquinerie, en
Juillet 2008. Musicalement, son style n'a pas notablement évolué depuis son
apparition il y a 2 ans : on est toujours strictement dans le respect des
règles établies - disons par Otis Redding -, juste avec une puissance accrue du
backing band, au sein duquel se distinguent particulièrement un batteur black
qui tape dur (ce n'est donc plus le batteur enragé de 2008, mais Eli n'a pas
perdu au change !) et un jeune guitariste blanc et fou, qui lui est toujours le
même, avec un look improbable. A noter aussi qu’Eli lui-même semble avoir fait
des progrès à la guitare, même s'il en use parcimonieusement : à la fin d'un
très beau Just Like Me, il nous offrira un solo rageur et surprenant ! Ceci dit,
ce genre d'attitude, respectueuse d'un genre qui, il faut bien le reconnaître,
est musicalement superbe, cette absence totale de second degré forcent
l'admiration. Pour moi, le plus beau moment de la soirée sera paradoxalement la
rupture de ton bien venue créée par un passage solo (Eli à la guitare
électrique sans son band, jouant un Walkin' & Talkin' qui m'a laissé "sur le cul"
!), puis vocal uniquement (Eli et son band sans instruments)... Ce qui peut par
contre fatiguer chez Eli Reed, ce sont ses démonstrations vocales extatiques et
spectaculaires (on joue un peu de l'effet "tour de force"), un peu
longuettes parfois, et cassant le rythme d'un concert qui gagnerait à être plus
ramassé, plus concis. Reste qu'il y a une vraie générosité, toute simple
d'ailleurs, dans les petits plaisirs que s'accorde et nous accorde Eli : faire
monter des fans sur scène pour chanter avec lui, introduire ses musiciens en
espagnol, s'extasier sur la salle (qu'il dit placer dans son Top 5 des
meilleures salles qu'il connaisse dans le monde, et ça a l'air sincère... Ceci
dit, je ne suis pas étonné, je suis moi-même à chaque fois ravi par la qualité
de cette salle...).
Le rappel sera particulièrement
percutant, plus rock, montrant peut-être la possibilité d'une sortie des canons
du rythm'n'blues... Ce n'est pas certain qu'ils le fassent (ils commencent à
rencontrer un succès certain...), mais Eli et son groupe gagneraient désormais
à s'aventurer en dehors des sentiers fort battus tracés par les pionniers du
genre voici près de 50 ans... Voilà, après 1 h 25, le concert s'arrête, mais le
public, incroyablement enthousiaste, ne veut pas quitter la salle et
s'obstine à réclamer un second rappel. Eli revient donc devant le rideau
baissé, mais ce sera juste pour saluer et remercier... ce qui évidemment ne
fait rien pour calmer les esprits !
Au final, comme prévu, une bonne soirée sans prise de tête, autour d'un rock classique qu'on aime forcément toujours entendre, qu'il soit des années 60, 70 ou early 80's. Quant à Eli, je ferais le même commentaire que la première fois où je l'ai vu : malgré ses performances vocales, il lui manque toujours ce je ne sais quoi de "soul" qui lui permettrait de transcender la pure technique, comme le faisait par exemple Amy Winehouse dans un genre similaire...
L'intégralité du compte-rendu de la soirée, avec les Right Ons en première partie, sera postée sur le blog des RnRMf****s !