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Le journal d'un excessif
14 janvier 2010

Adieu, Rohmer

Femme_AviateurMême si, au moment de faire le genre de listes et de bilans qu'on aime tous tant faire, je place probablement Eric Rohmer très haut dans la liste de mes réalisateurs français préférés de tous les temps (allez, on va dire dans le Top 3, avec Pialat et Renoir), ce genre de choses n'a pas beaucoup d'importance si je repense à la manière dont les films d'Eric Rohmer ont accompagné ma vie, mes histoires personnelles, l'évolution de mes sentiments... sans doute particulièrement au cours des années 80, années merveilleuses pendant lesquelles j'ai vécu l'arrivée de chacun de ses films comme un miracle pur et simple, un cadeau de la vie qui m'était personnellement destiné (disons que, dans un genre forcement un peu différent, l'arrivée d'un film de Rohmer ces années-là rythmait mon existence comme l'avait fait la décennie précédente la sortie de chaque nouvel album de Bowie). Je me souviens encore clairement de chaque salle où j'ai vu un Rohmer, et surtout des sentiments qui m'envahissaient alors, et que les autres films ne m'offraient pas. Car ce mélange aussi doux que parfois fulgurant d'intelligence (important, ça l'intelligence, à une époque où on la dévalorise de plus en plus...) et de sensualité était unique.

Nuits_de_la_pleine_LuneJe suis profondément triste aujourd'hui, de manière égoïste, pas parce qu'un homme est mort (ça, je le laisse à sa famille et à ses vrais amis !), mais parce que, très égoïstement, je sais que je n'admirerai plus le corps bronzé d'une nouvelle Pauline à la plage (si semblable à mes vraies petites amoureuses d'alors) ; que je ne guetterai plus jamais l'apparition d'un hypothétique rayon vert au soir d'une journée enchantée ; que j'oublierai sans doute en vieillissant ce qu'est l'heure bleue et le miracle qu'elle constitue quand on est avec un être proche ; que je n'aurai plus cette impression si excitante de (véritable) révélation de la grâce absolue du cinéma que j'ai pu ressentir en regardant Luchini dans ce café des "Nuits de la Lune Vague" ; que je ne comprendrai jamais aussi clairement la beauté sensuelle d'une femme légèrement ridicule qu'en écoutant Arielle Dombasle pérorer ; que je n'aurai jamais plus Pauline___la_Plageune femme d'aviateur pour me faire découvrir un nouveau Parc Des Buttes Chaumont...

Je pourrai continuer comme ça longtemps, jusqu'à vous ennuyer à mort, et je ne suis pas sûr que vous me comprendriez, parce qu'il faudrait plus de talent que je n'en ai pour exprimer combien les films de Rohmer ont imprégné mon existence, combien ils m'ont ouvert le cœur, l'âme et l'esprit.


Merci, Eric, de m'avoir aussi fidèlement aidé à traverser ma vie.

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Commentaires
L
Ne vous sous estimez... pas du talent vous en avez... <br /> A écrire comme vous le faites j'en suis moi même jalouse !
Le journal d'un excessif
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