On n'attends pas forcément des miracles d'un film aussi furieusement consensuel que ce "Departures", d'autant qu''il a ramassé en 2009 l'Oscar du meilleur Film Etranger, prix qui couronne systématiquement des films sans intérêt. Pourtant, quand il s'aventure, dans sa première partie surtout, sur le terrain déjà magnifiquement balisé par "Six Feet Under", Takita convainc formidablement : mélangeant humour à froid - à la limite du burlesque, bien vu ! - et suprême délicatesse, il égale presque les intuitions de la série américaine, tout en les approfondissant grâce à la justesse extrême dont le cinéma japonais sait faire preuve quand il filme les émotions. Mais, bien sûr, cet équilibre ne tient pas longtemps, et Takita se met à nous enfiler systématiquement les plus beaux clichés et les pires évidences : de ce violoncelliste inspiré devant les montagnes enneigées (sublime musique de Joe Hisaishi !) à ce galet lourdement symbolique qui prouve la fidélité d'un père disparu à son fils, rien ne nous est épargné. Alors bien sûr, on pleure devant "Departures", mais on a aussi tant de regrets du film qu'il aurait pu être !
31 janvier 2010