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Le journal d'un excessif
9 mars 2010

Shearwater au Moby Dick Club (Madrid) le lundi 8 mars

2010_03_Shearwater_02022 h 10: Shearwater, Jonathan Meiburg et ses quatre musiciens, dont Thor le batteur nain et poilu qui fait peur (mais est super sympa, vous savez !) et Kimberley Burke, la ravissante bassiste / contrebassiste qui ne sait que sourire avec l'air d'être aux anges, sont sur scène. Ça commence très fort avec Black Eyes, l'un des morceaux les plus évidents (on ne dira pas "commercial", ce serait exagéré...) de "The Golden Archipelago", le nouvel album qui sera au centre du set de ce soir. Tout de suite, il saute aux yeux et aux oreilles que, à la différence de nombre de groupes actuels, Shearwater sait parfaitement la différence entre une interprétation "live" et une version "album" : chaque morceau joué ce soir sera comme "boosté" par une interprétation "bigger than life", asez éloignée de la subtilité originale, comme s'il s'agissait de retranscrire les envolées lyriques de Jonathan sur une plus grande page, avec tous les moyens live disponibles : la frappe de Thor - le bien nommé - derrière la batterie frôle 2010_03_Shearwater_029l'apocalyptique, et les deux guitares ou les deux claviers (selon les morceaux) dépotent un maximum. Au troisième morceau, le grandiose Castaways, Johnathan est déjà à genoux devant son ampli et fait sortir de sa guitare maints feedbacks spectaculaires. Et le paradoxe ultime est que, joués ainsi, les morceaux ne perdent rien de leur asphyxiante beauté.

Au milieu de ce bonheur, je remarque quand même que je suis l'un des seuls à avoir l'air de s'éclater dans la salle, le public madrilène restant très visiblement sur ses gardes : ce ne seront que les quelques extraits de "Rook", l'album précédent, qui déclencheront - enfin - des mouvements plus passionnés. Sur scène, le groupe finit par me remarquer aussi (le type à la cinquantaine au premier rang qui délire, tout seul...), et j'ai droit à de nombreux sourires et signes de connivence. Une chose toujours marrante avec ce genre de groupes actuels, c'est le ballet incessant des instruments que les musiciens s'échangent : ça fait du spectacle, surtout sur une petite scène où il faut quand même un peu se bousculer au milieu du fatras d'instruments et d'amplis, et ça confère une ambiance sympathique de "bande de copains" qui s'éclatent ensemble, contrebalançant sainement la complexité de la musique de Shearwater.

2010_03_Shearwater_039Alors, et les grands moments de la soirée ? Eh bien, une version sublime de Hidden Lakes ("Lagos Escondidos", nous annonce Jonathan qui, en bon Texan, a des rudiments d'Espagnol...) avec les deux xylophones qui composent une architecture enchantée : enchanté, je le suis tellement que je dois avoir l'air transporté, et Thor vient me serrer la main en quittant son xylophone pour rejoindre sa batterie. Et puis Rooks, l'une des chansons les plus glorieeusment "héroïque"de Shearwater, avec son lyrisme à la Arcade Fire, trois minutes sublimes qui passent trop vite. Et puis encore, Century Eyes, l'un des rares "crowd pleasers" purement rock de Shearwater, avec les deux guitares qui tonnent et gémissent, et Thor qui frappe encore plus dur. A noter aussi un hommage ému de la part de Jonathan au vautour qui a plané au dessus d'eux et des montagnes enneigées entre Barcelone et Madrid, et qui lui permet de rester fidèle à sa célèbre passion pour les oiseaux.

2010_03_Shearwater_022Rappel magnifique, malgré quelques problèmes techniques de connexion qui craque, et la voix qui sature régulièrement (la sono du Moby Dick n'a sans doute pas l'habitude d'une voix aussi sublime - en haute contre ou pas - que celle de Jonathan !). Final superbe avec Home Life, peut-être le plus beau morceau de Shearwater, magnifiquement interprété par Jonathan qui transcende encore la chanson de sa voix sublissime. On finit les larmes aux yeux, éblouis devant tant de beauté. Alors que les musiciens quittent la scène après 1 h 15 presque parfaite, je fais signe à Kimberley, et lui demande sa set list, minuscule morceau de papier qu'elle tenait cachée au sommet de son ampli : elle me la remet, et, tandis que je la remercie pour sa gentillesse, elle me remercie pour ma passion pour leur musique.

La salle du Moby Dick se vide lentement, je discute un peu avec des touristes belges, eux aussi fans de Shearwater, et qui sont là par hasard et sont eux aussi ravis (lui travaille dans un studio d'enregistrement). Il va falloir se replonger dans le froid, mais peut importe, ce soir, nous avons littéralement volé avec les vautours au dessus des montagnes enneigées de la Sierra. L'un des nombreux miracles de Shearwater...

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