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Le journal d'un excessif
22 avril 2010

Sonic Youth à la Riviera (Madrid) le mardi 20 avril

2010_04_Sonic_Youth_026Il est 21 h 30 passé de quelques minutes quand Kim Gordon et Thurston Moore viennent se placer pile en face de moi : je ne pouvais pas rêver mieux pour ce qui est de mon emplacement ! Sonic Youth a cinq membres en ce moment, s'étant renforcé de la présence de l'ex-bassiste de Pavement, Mark Ibold, ce qui permet à Kim de se concentrer sur la guitare et le chant (elle est ce soir au centre de la scène...), mais offrira aussi à certains morceaux la puissante combinaison 2 guitares + 2 basses (au lieu de 3 guitares et une basse). Dans la lumière limitée qui caractérise les sets de Sonic Youth (du rouge et du bleu, alternativement, et très peu de blanc, bonjour les photos !), les quatre membres fondateurs paraissent avoir curieusement peu changé en 30 ans, le plus frappant étant Thurston Moore, qui, à presque 52 ans, a toujours l'allure d'un "adulescent" d'une vingtaine d'années. Kim fait plus ses 57 ans, mais, croyez-le ou pas, le visage perpétuellement fermé et le corps arc-bouté sur sa guitare ou sa basse, ou encore délivrant au micro son chant curieusement sexy et atone à la fois, elle demeure une sorte de parangon de l'attitude rock. Lee Ranaldo, à l'autre bout, reste, lui, toujours aussi juvénile d'allure, malgré sa belle crinière blanche, et fait le spectacle : je regretterai d'ailleurs un peu que, placé en plein dans l'axe des amplis de Kim et Thurston, je ne puisse pas complètement jouir de la beauté de son jeu de guitare (Wikipedia nous informe gentiment qu'il été "classé au numéro 33 des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps, selon 2010_04_Sonic_Youth_032le magazine Rolling Stone", merci !). Derrière son kit de batterie simple et efficace, Steve Shelley a pris pas mal de poids, ce qui ne laisse pas de nous étonner (Luis, qui a tâté de la batterie, m'en fera la remarque...) vu les calories qu'il va dépenser pendant l'heure cinquante du set : Steve est un batteur puissant, rapide, et pour tout dire, essentiel à la force que dégage le groupe sur scène.


Le set démarre pleins gaz avec l'enchaînement redoutable No Way, Sacred Twister et Calming The Snake, du dernier album : même si le son pourrait être plus fort à mon goût (mais vous me connaissez, je dis presque toujours ça !), force est d'admettre qu'il est magnifique, à la fois clair et compact, permettant même d'entendre relativement bien les voix - ce qui n'est pas toujours garanti pour ce genre de musique ! - et d'apprécier l'exceptionnelle complexité et l'impressionnante tessiture de la musique de nos new Yorkais préférés : trente ans à faire de la musique ensemble, à expérimenter tout azimut, permet à Sonic Youth de maîtriser totalement son sujet, pour pouvoir, un peu comme des musiciens de jazz, se laisser aller à des dérapages sur une structure parfaite. Regarder Thurston Moore jouer de près est un véritable régal, tant sa technique, pour ne pas être orthodoxe bien entendu, est éblouissante : certaines accélérations de son jeu me laisseront franchement pantois ce soir, moi qui ne suis pas particulièrement intéressé par l'aspect technique de la guitare. Bref, cette intro de concert me paraît tout simplement parfaite, et j'ai déjà le cœur en joie au bout de deux minutes, et des frissons partout : ce festival absolu de la guitare sonique va sûrement aller se jucher tout au sommet de mes concerts préférés de l'année. Kim Gordon enchaîne avec Anti-Orgasm, qui, malgré son titre casse-la -joie, est la chanson la plus bestialement "jouissive" de "The Eternal" : je suis ravi, et je me félicite intérieurement d'avoir entraîné Luis avec moi ce soir, quelle belle 2010_04_Sonic_Youth_046manière de découvrir les nuits Rock de Madrid (d'ailleurs, à mes côtés, Luis a un grand sourire, on voit qu'il apprécie !)… Il est clair que, avant même que Thurston Moore ne le précise, lors d'une de ses (très) rares et laconiques phrases entre deux morceaux, le concert de ce soir est consacré au dernier album : 11 titres en seront interprétés sur les 12 qu'il contient... Et c'est là que, malgré la belle puissance "rock" de cet album du retour à une énergie plus "mainstream", le bât blesse un peu : toutes les chansons ne sont, logiquement, pas exceptionnelles, et le concert s'affaiblit peu à peu ; de l'exceptionnel pressenti lors de la fulminante introduction, on retombe dans le simplement bon, le très bon même, mais un peu moins que ce que j'attendais. Au vu de la set list photographiée à la fin alors qu'un roadie l'a remise précautionneusement à un New Yorkais membre du fan club qui suit SY, date à date, tout au long de sa tournée européenne, il n'y aura eu ce soir que deux ajouts à "The Eternal", deux morceaux qui m'étaient inconnus, extraits de "Sister"...

Deux longs rappels au bout d'une heure et quart rallumeront la flamme qui a un peu vacillé, en particulier avec un Massage The History un peu trop long et posé (dix minutes quand même...) pour conclure le set : trois extraits sidérants de l'impérissable "Daydream Nation", chaleureusement accueillis bien sûr par la foule (la Riviera, derrière mon dos, a fini par bien se remplir, les gens sont arrivés encore plus tard que d'habitude : les avait-on prévenus du calvaire que serait Bestia Ferida ?), et en particulier le fulminant Cross The Breeze, qui est une sorte de distillation du style Sonic Youth, avec ses explosions de sauvagerie sur une trame hypnotique. Tout le mode quitte la scène, Thurston Moore joue à nous déchirer les tympans avec une radio sur laquelle il ballade son micro, puis hulule comme un animal qui 2010_04_Sonic_Youth_441rappelle sa meute sur scène : et ça marche, ils reviennent… Un peu de cafouillage avec les roadies quant au morceau qui va être joué (il faut dire que Moore a de grandes "antisèches" qui sont régulièrement scotchées sur son retour : des problèmes de mémoire, Thurston ?), et Sonic Youth conclue cette soirée de belle manière.

En conclusion, un beau concert, qui aurait pu être exceptionnel avec une set list un peu plus équilibrée. C'était apparemment le cas la veille, Thurston Moore nous l'a dit, et le New Yorkais du fan club, avec qui je discute un peu, me le confirme, le "best of", c'était hier... Bon, pas de problème pour moi, même si je regrette un peu les tendances plus hypnotiques et bruitistes du Sonic Youth d'il y a dix ou vingt ans : il faut bien que le groupe évolue...

L'intégralité de ce CR est sur la blog des Rock'n'Roll Motherf***s...

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