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Le journal d'un excessif
20 septembre 2010

eels à la Riviera (Madrid) le samedi 18 septembre

2010_09_eels_La_Riviera_01821 h 30, à l’heure pile, la scène s’obscurcit, mais on a encore droit à 5 bonnes minutes de ce qui me semble être la Bande Son d’une comédie musicale hollywoodienne classique (mais je peux me tromper), ce qui est un peu long avant que Mark Everett (c'est-à-dire eels) monte sur scène, avec sa guitare électrique vert clair. Combinaison blanche, plus grand que je me l’imaginais, Mark est entièrement dissimulé derrière sa barbe fournie, ses lunettes noires et son bandana : un look original, amusant, tant qu’on le voudra, mais qui ne facilite pas le passage des émotions entre l’artiste et son public. En quasi solo (il y a une pedal steel ou un orgue qui l’accompagne pour construire l’ambiance) sur les trois premières chansons, je me rends compte que c’est quand même assez barbant (LOL), même si la voix est parfaite, bourrue, émouvante, juste. Je m’inquiète un peu.. à tort, car dès le quatrième morceau, tout change pour de bon, avec l’entrée du groupe au complet sur scène : imaginez un quatuor (deux guitares, une basse et une batterie) au look soigné, entre Grinderman et Z Top ! Tout le monde chez eels doit donc porter la barbe, les lunettes noires, et un couvre-chef ! Pourquoi pas ? Comme les lumières sont belles, les musiciens très actifs, la partie « spectacle » de la soirée va être assurée sans problème. Mais le plus surprenant, c’est le traitement « heavy-blues-rock » de la quasi-totalité des titres interprétés ce soir, des titres dont on reconnaît bien sûr la mélodies et les paroles, mais qui sont fondamentalement transformés par l’énergie un peu grossière, mais jouissive, dont ils sont chargés. Bref, eels sur scène n’a quasiment rien à voir avec eels sur disque, et en particulier avec le eels de « Tomorrow Morning » à l’électronique bricolée et sensible ! Par moment, avec l’aide du son comme souvent puissant de la Riviera, eels sonne presque « bourrin », et – look oblige – je me dis que les chansons de Mark Everett, quitte à être aussi rudement 2010_09_eels_La_Riviera_025traitées, mériteraient la grandeur fracassée de Bad Seeds / Grinderman plutôt que ce blues rock un peu scolaire. Mais bon, sur le coup, il n’y a pas à ce plaindre, on est, contre toute attente, à un bon gros concert de rock qui tache – avec quand même pas mal de second degré (voir l’introduction fantaisiste des musiciens sur la fin, qui permet à Mark de se làcher un peu !), et tout le monde se tortille avec satisfaction sur des rythmes blues, heavy, voire funky par moments (pas le meilleur, mais bon !). Je ne connais pas l’intégralité de la discographie de eels, ce qui fait qu’une partie des titres joués m’échappe, alors je ne citerai que quelques chansons qui ont bien « fonctionné » pour moi : une belle reprise orageuse du Summer In The City de Gershwyn, un des rares moments d’émotion pop lors de l’interprétation de Spectacular Girl, le magnifique et terrifiant Paradise Blues et sa chronique des pensées d’un suicide bomber de notre temps, un Looking Up efficace en final pour « mettre le feu » à la salle… mais surtout, sommet pour moi du set, un Fresh Blood sanglant, traversé de flashes de lumière blanche, seul véritable passage où le groupe a atteint l’intensité électrique que Mark semble désormais chercher… Car objectivement, ce beau concert, plein de vraies surprises, s’est révélé juste un petit peu « en dessous » de son « potentiel », et l’émotion ne s’est jamais complètement cristallisée – ce qui est un comble quand on connaît l’émotion que les albums de eels dégage ! 1 h 30, deux rappels, dont pour finir, une version lourde, énervée et bâclée de I Like The Way This Is Going, loin, bien loin de la magie de l’original, et je me demande au final ce qui empêche le set de complètement fonctionner : sans doute est-ce l’attitude de Mark lui-même, qui reste, derrière la barrière de la barbe, des lunettes, du couvre-chef, un homme foncièrement sur ses gardes, pas vraiment généreux vis-à-vis de son public. Un grand timide ? Un vrai ours mal léché ?

L'intégralité de ce compte rendu se trouvera sur le site des RnR Mf***s!

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Commentaires
M
un blog intéressant......il n'y en a pas tant parmi toutes cette multitude d'araignée peuplant la toile.<br /> Et un article sur EELS. C'est encore plus rare.<br /> Moi qui les apprécie tant.......tu as un peu obscurci mon tableau.Ce qui n'est pas plus mal......je n'aime pas la fanattitude.<br /> Merci pour cette photo instantanée, juste et intelligente que tu fais.<br /> Cordialement
Le journal d'un excessif
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