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Le journal d'un excessif
21 septembre 2010

The New Pornographers à la Joy Eslava le dimanche 19 septembre

2010_09_The_New_Pornographers_Joy_Eslava_02021 h 05 : Vêtements ordinaires, look banal, les Canadiens de The New Pornographers ne payent pas de mine quand ils montent sur scène, alors que la Joy Eslava est bien remplie (le concert me paraît même désormais sold out, et je m’étonne une fois de plus de la popularité locale de ce groupe qui peine à se faire connaître en France...). C’est à peine si l’on remarque que l'organiste et chanteuse (Kathryn Calder) est vraiment mignonne : elle assurera sans faille tous les vocaux féminins, alors qu’il me semble qu’en studio, le groupe s’appuie sur une chanteuse, Neko Case... Le frontman, Carl Newman, a tout sauf l’allure d’un chanteur de rock, et correspond tout-à-fait au cliché de l’homme ordinaire du Grand Nord canadien, avec son air bourru, son teint de rouquin et sa barbe. Ce qui est plus intéressant, c’est la configuration particulière de The New Pornographers sur scène : devant, le chanteur – guitariste entouré de ses deux claviers, et en arrière plan, la vraie « machine » du groupe, une section rythmique surpuissante, totalement inattendue si l’on se réfère comme moi à la légère préciosité de « Together », avec en particulier un batteur spectaculaire (frappe incisive et claire, numéro amusant de jonglage avec les baguettes...), et un guitariste implacable au look un peu ridicule et très 70’s, responsable quasiment à lui seul de toute la tessiture musicale sur scène.

Le concert commence indéniablement très fort, sur un principe d’alternance des nouveaux morceaux (ceux que je connais, donc...) avec les anciens : ce qui me frappe immédiatement, au delà du son magnifique – rond, puissant, chaud, un son qui soulève l’enthousiasme -, c’est la grande cohérence musicale et sonore qui 2010_09_The_New_Pornographers_Joy_Eslava_021règne au sein d’une set list pourtant construite pour parcourir la discographie du groupe. Envolée, la délicatesse maladroite et souvent sans consistance de « Together » (d’ailleurs les titres qui en sont extraits sont clairement les plus « fermes », les plus clairs, les plus rock, et l’on fait heureusement l’impasse sur les tentatives inachevées de diversification vers une pop plus aérienne...), The New Pornographers sont une « putain » de machine de guerre sur scène ! Alors que je suis en train de revenir de ma surprise initiale, et que je pense avec chaleur aux recommandations de mon ami Gilles, le groupe interrompt régulièrement le set pour de longs échanges entre eux et beaucoup de communication avec le public, d'une forme spontanée et chaleureuse (on plaisante sur les tentatives en espagnol de Kathryn, qui paraît surtout savoir commander des boissons dans un bar !), une communication qui finit quand même par nuire à l'enchaînement des chansons. Derrière sa batterie, Kurt Dahle se débat avec des petits problèmes techniques, perd régulièrement ses baguettes à force de faire l’imbécile, mais ne loupe pas un beat. Défilent Up In The Dark (que j’adore), Crash Years, Sweet Talk Sweet Talk, A Bite out of My Bed (ou My Head ?), à chaque fois dans des versions infiniment meilleures que celles en studio, même si, logiquement, les vocaux sont un peu en retrait par rapport au volume sonore. Autour de moi, beaucoup de gens qui connaissent toutes les paroles par cœur,... ce qui peut être un peu gênant, on le sait, quand certains fans sont tellement enthousiastes qu’on les entend brailler plus fort que le chanteur ! Mais bon, c’est le prix à payer quand on va voir et écouter des artistes qui soulèvent le genre d’enthousiasme que The New Pornographers fait naître... On s’arrête encore un moment pour dédier une chanson tendre à un jeune couple qui a fait passer un petit mot disant qu’ils s’étaient mariés dans la journée (moment amusant et émouvant, quand même...). Et puis, après une petite heure de plaisir, le groupe attaque Moves, dans une version dantesque, qui voit le riff mémorable de la chanson amplifié et devenant réellement jouissif. A partir de là, les musiciens passent la surmultipliée, le guitariste envoie les boulons, les titres s’accélèrent, le concert est devenu autre chose, tout autre chose, un fucking great rock’n’roll concert ! De plus en plus fort, de plus en plus magnifique. Put Your Hands Together s’affranchit de son modèle « sparksien », trop évident sur disque, pour devenir une grande, une immense chanson. Mais, même sans jamais avoir entendu les autres chansons avant, impossible de ne pas reprendre leur refrain en chœur. Je me retourne et je vois une forêt de bras dressés, et de visages illuminés de grands sourires, ce qui, quand on connaît la froideur du public madrilène, qui peine toujours à bouger, surprend... Bleeding Heart Show est une véritable tuerie, conjuguant dans un équilibre parfait splendeur pop et puissance : c’est le final avant les rappels, et ça y est, le fameux frisson dans l’échine, l’émotion bouleversante, le signe intime du GRAND concert... The New Pornographers reviendront encore deux fois, avec quand même une puissance moindre (quoique...), y compris donc pour une ultime chanson, non prévue sur la setlist, que je ne connais pas mais qu’ils présentent comme l’une de leurs premières compositions.

Voilà, 1 h 30 a passé, c’est fini, je loupe la setlist mais je parviens à la photographier ; au merchandising, les albums précédents du groupe se sont déjà envolés quand j’y arrive, mais tout cela n’a que peu d’importance. Je sais que je viens de vivre un concert qui figurera inévitablement très haut dans le top de la saison. J’envoie un petit email pour remercier Gilles B., et je me dis que, en 2010, le Rock continue sans faiblir à sauver des vies.

PS : L'intégralité de ce compte rendu figurera sur le blog des RnR Motherf***s !

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