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Le journal d'un excessif
14 février 2011

Hurts à la Joy Eslava (Madrid) le dimanche 13 février

2011_02_Hurts_Joy_Eslava_015Il y a eu, à chaque concert de Hurts que j’ai vu (enfin, les deux), un moment littéralement ahurissant, totalement électrisant : sur Evelyn, Adam Anderson, jusque-là incroyablement « classique », distingué, voire guindé derrière son petit piano, se lève, empoigne la Rickenbaker que lui tend un roadie, et se lance dans un solo électrique furieux, s’agitant sur le devant le scène et sous les lumières qui sont passées du bleu intimiste au blanc éblouissant, venant au contact de son ami (dans plusieurs sens du terme ?) Theo Hutchcraft, qui semble lui pendant deux (trop) brèves minutes, agité par la Danse de St. Guy. Le public devient hystérique, et on atteint ce petit orgasme que l’on désire tant à chaque concert. Oui, sur Evelyn, et avant que le romantisme solennel qui caractérise la musique de Hurts ne reprenne le dessus, on entrevoit un vrai groupe de rock, puissant, impressionnant même. Durant ces deux minutes de plaisir extrême qui laissent tout le monde un peu hébété, on se sent totalement justifié d’aimer de manière déraisonnable ce « groupe de pédés » (hein, Juan Carlos ?).

Mais revenons une petite demi-heure plus tôt : il est 21 h 30 pile, et sous une musique électronique solennelle (logique !), le backing band – quatre musiciens - du couple Adamson / Hutchcraft s’installe au fond de la scène : il me semble qu’il y a eu du changement… Disparu le colosse blond figé comme un mannequin qui m’avait bien fait rire la dernière fois, il est « remplacé » par une jolie violoniste dont la contribution à la complexité du son ce soir sera notable. Je ne suis pas sûr non plus que le guitariste – un peu anecdotique – 2011_02_Hurts_Joy_Eslava_066qui s’agitera à ses côtés, ait été là à la Sala Penelope, mais tout ça n’est pas très important, car les deux « stars » de la soirée entrent en scène sous des hurlements de joie : c’est que Hurts a quelque chose de différent des autres groupes de musique « commerciale », il y a dans leur musique une hyper-expressivité, un lyrisme « échevelé » qui rappelle celui d’un Morrissey et qui contraste avec leur pose un peu hiératique (pince-sans-rire aussi)… On peut y deviner les germes d’une fascination qui pourrait prendre de l’envergure avec le temps. Car à peine nos deux gandins à l’élégance surannée (ils semblent à peine sortis d’un film de James Ivory, le genre…) ont-ils entamés Unspoken que je me rends compte que, autour de moi, TOUT LE MONDE chante à pleins poumons les paroles ! Toujours dans son trip « Smiths », Hutchcraft lance des roses blanches une à une au public, avec cette élégance narquoise qui fleure bon le pays d’Oscar Wide : oui, c’est clair, ce soir, Hurts a choisi la voie du dandysme le plus classique, et ce qui est amusant, c’est que cela vaut au groupe une reconnaissance instantanée de la part de la communauté gay de Madrid (beaucoup de boys en bandes ce soir, élégamment vêtus eux aussi)… Silver Lining – à mon avis un très beau morceau – lance vraiment le concert : le son est monstrueux, avec des infra-basses sortant du clavier en face de nous, et très très fort, sans doute le plus fort que j’ai entendu à la Joy Eslava, une salle en général plus mesurée en termes de niveau sonore. Il est clair qu’en quelques mois, Hurts a acquis une vraie puissance de feu, qui transcende les habiles mélodies pop de l’album pour en faire de véritables machines de guerre. Hutchcraft est également beaucoup plus à l’aise, souriant et décontracté, et se laisse aller plus souvent à ces brefs gestes frénétiques qui tranchent avec sa posture généralement rigide, un peu compassée même.

2011_02_Hurts_Joy_Eslava_033La brève heure du set de Hurts sera construite sur une setlist quasi identique à celle du dernier concert, avec seulement une chanson de plus (Mother Nature, un nouveau morceau assez étrange), qui culmine par l’enchaînement des « hits » Stay, Illuminated et, en unique rappel, un Better Than Love qui commence à prendre des proportions épiques. Mais c’est la combinaison de chansons excellentes, qui ont fini par se loger dans ma tête au fil des écoutes, de l’abattage efficace du groupe, et de la gentillesse classieuse du couple Adamson / Hutchcraft qui emporte vraiment l’adhésion. Comme le dit Inés en sortant : « Ce sont des jeunes gens parfaits, fins, bien éduqués, sympathiques… Quel plaisir ! Ils ont droit à tout mon respect… ». Et si ce ne sont pas là les qualificatifs que l’on emploie habituellement pour parler d’un groupe de rock, c’est pourtant cette impression d’élégante générosité qui prévaut en effet. Pour ma part, je regrette que l’explosion d’énergie de Evelyn reste « unique » dans le set, et surtout soit placée en milieu de soirée plutôt qu’en apothéose finale : c’est clairement un choix de la part de Hurts que de se contenter de suggérer ce « côté rock » sans pour le moment l’exploiter pleinement.

En tout cas, n’en déplaise à leurs détracteurs, la suite pourrait s’avérer passionnante.

PS : L'intégrale de ce CR se trouvera posté sur le blog des RnRMf***s !

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