A 50 kms au nord de Madrid, il existe une petite ville d'une laideur confondante et au nom prédestiné (El Molar, ce qui permet tous les jeux de mots aux francophones), vers laquelle nombre de madrilènes se précipitent le week-end pour en encombrer les stationnements et déjeuner dans l'un de ses nombreux et célèbres restaurants 'a demi troglodytes : en effet, El Molar possède une (petite) colline autour de laquelle se sont installés des restaurants traditionnels qui exploitent les cavernes naturelles en son sein (... en fait, ce sont plus des caves que de véritables grottes, soyons précis...). On peut y manger toutes sortes de plats traditionnels très simples en se faisant peur (enfin, les enfants, surtout) en déambulant dans des caves qui, apparemment, relient les restaurants entre eux, une bougie à la main. La salle du "La Parilla" que nous avions choisi avec notre "turma" de Bésiliens et Brésiliennes, était particulièrement sombre, seulement éclairée de quelques maigres bougies, avec deux fenêtres à demi obstruées, et il m'a fallu un certain temps pour me sentir un peu à l'aise perché sur un tabouret bancal : j'avais par instants l'impression de me trouver dans l'un des troquets pourris de la Terre du Milieu de Tolkien, et j'attendais l'entrée de quelque troll dans la pénombre. Il faut admettre que ce qui nous a été apporté était simple (viandes et poissons grillés au feu de bois dans une pièce contigüe, salade verte, chorizo grillé, vin basique - pas le choix, il n'y avait a priori que deux types de vin...), un peu exotique quand même (la vache semble être la seule viande qu'on mange à El Molar : attention, pas le bœuf, la vache !), et que les prix ont été au final raisonnables. Mais en ressortant de là, les cheveux et les vêtements puant le feu de bois, les yeux écarquillés par l'afflux soudain de la lumière du jour, le dos cassé par la mauvaise position à table, je me suis dit que je ne reviendrai pas de si tôt à El Molar !

Photos : une vue de quelques uns des restaurants adossés à la colline ; la fine équipe des Brésiliennes troglodytes !