Tony Scott est sans doute le metteur en scène que je déteste le plus de l'histoire du cinéma, un âne bâté incapable de comprendre que la fragmentation des plans, des points de vue, et l'accumulation de gimmicks publicitaro-clipesques ne font que détruire la beauté et la lisibilité du mouvement, qui reste quelque chose d'essentiel dans le cinéma d'action en particulier. Pourtant, cette fois, malgré l'habituel épuisement qui nous saisit devant ces images hâchées, quelque chose fonctionne : le vertige de l'actualité "CNN" en temps réel ? l'aspect "bête humaine" immanquablement fascinant des monstres d'acier lancés dans une course folle ? la beauté blessée de cette Amérique pauvre, ravagée, qu'on voit si peu dans le cinéma hollywoodien ? la résurgence de thèmes classiques (la barvoure, le dévoûement, le goût du travail bien fait) qui, au delà des clichés faciles, ne sonnent pas réactionnaires, mais, au contraire, presque révolutionnaires dans notre monde emballé par la folie financière ? En tout cas, Denzel Washington aidant (et pas qu'un peu...), Tony Scott a peut être réalisé ici son premier film correct...