On a suffisamment glosé sur l'hommage aux blockbusters 80's de Spielberg que constitue ce ravissant "Super 8" pour revenir sur cette évidence réjouissante : des enfants confrontés à la fois à l'absence du père et à des phénomènes mystérieux, un certain sens du merveilleux (lumières bleues et grands yeux éblouis), une défiance profonde envers les symboles de l'autorité, tout cela supporté par une narration classiquement construite respectant l'intelligence du spectateur (le monstre qui n'apparaît qu'après une longue attente, par exemple)... bref pas mal de choses que les blockbusters hollywoodiens actuels ont oublié, et que J.J. Abrams nous offre ici, pour notre plus grand plaisir. Reste que, et ce n'est pas une surprise, le plus grand talent de J. J. Abrams reste sa capacité à créer un spectacle intellectuellement structuré et esthétiquement cohérent à partir de scènes de chaos : les deux plus beaux moments de "Super 8" sont indiscutablement l'accident ferroviaire d'ouverture et la dévastation de la petite ville ouvrière par les forces militaires incontrôlées, deux scènes qui marqueront l'histoire du cinéma de divertissement. Il est seulement dommage que le scénario de "Super 8" soit moins parfaitement abouti que ceux du modèle Spielberg, et que le final soit aussi franchement inintéressant, deux points qui restent cependant mineurs par rapport à la franche réussite du film.