Ce soir, les Long Blondes ne nous accorderont qu'une heure, rappel d'un titre compris (le fulgurant "Lust In the Movies",
toujours le seul vrai grand titre de la discographie des Long Blondes), une heure livrée
sans passion ni panache. Une heure qui commence terriblement mal avec le triste
"Century", aussi rasoir martelé en scène que "synthésizé" sur le pitoyable
second album des Anglais, et qui ne s'améliore guère avec une version plate du
pourtant entraînant "Here Comes the Serious Bit" : Robert, qui prend des photos
juste derrière moi, me glisse "On peut se faire rembourser tout de suite ?", ça
veut tout dire ! A ce moment-là, le concert se redresse (un peu) avec "Weekend
without Make-up", jolie réminiscence d'un premier album qu'on avait à l'époque
trouvé brillant. Et le reste du set sera à l'avenant, ennui poli sur les
chansons récentes - nous aurons même droit aux catastrophiques "Round the Hair
Pin", d'un manque d'intérêt total, et "Too Clever By Half", d'une laideur
honteuse, indigne d'un groupe qui a eu autant de classe à ses débuts
!
La classe, Kate Jackson en a toujours à revendre,
et elle a tout pour elle : un beau physique de femme épanouie, sensuelle,
gracieuse - quelle jolie manière de bouger sur scène, est-ce l'effet talons
hauts et jupe serrée ? -, et une belle voix grave et agressive quand il faut -
sous-mixée ce soir d'où nous sommes, au premier rang, malheureusement. On sourit
quand Kate nous explique combien elle est heureuse d'être à Paris ce soir, sans
son épouvantable "stomach pain" de la dernière fois (nous non plus, on n'a pas
oublié, Kate !). Mais cela ne va pas suffire à notre bonheur, d'autant que
l'élégant Dorian Cox lui-même ne fera pas preuve d'une brillance particulière à
la guitare, et que le reste du groupe est toujours aussi insignifiant, voire
inutile (je pense en particulier à Emma Chaplin, qui a toujours le même air d'une
poule qui a trouvé un couteau avec sa guitare à la main) ! Le pire pour moi sera
le manque de conviction tragique avec lequel une bombe potentielle comme "I'm
Going To Hell" (le seul titre excitant du second album) sera désamorcée : rien,
il ne se passera décidément rien ce soir avec les Long Blondes !
Bref, sans jurer que les Long Blondes soient "finies", je sors de la Maroquinerie littéralement épuisé de tant d'insignifiance, craignant très fort que ce groupe n'ait été finalement que l'un des ces éclairs brillants, mais terriblement éphémères qui éclairent la vie du rock'n'roll motherf*** : quand ils se sont éteints, l'obscurité n'en est que plus profonde.
Les plus curieux d'entre vous pourront lire l'intégralité de cette chronique à l'endroit habituel, sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !