Depuis la mort de Ian Curtis et l'Alzheimer de John Cale (je plaisante…), on désespérait de réentendre une telle musique : un condensé bilieux de tristesse nauséeuse et d'arrogance pugnace, parfaite illustration - mais floue, quand même – de l'horreur des matins pluvieux du Nord de l'Angleterre, quand les rêves de conquêtes ont tous échoués, et que les drogues de la veille ont cessé de faire leur effet, pour ne laisser remonter que les remugles d'une vie perdue avant d'avoir même vraiment commencé. Mais aussi, au milieu des draps poisseux des orgies de la nuit, malgré le mal de crâne lancinant et la certitude absolue de l'amour à jamais perdu, la rage fière qui embrase le coeur et permet de repartir à l'assaut de la vie, aussi ingrate qu'elle soit. Et "An End Has a Start" cesse alors d'être atrocement nostalgique pour de se transmuer en chant de combat, loin de toute résignation. Editors nous proposent le bonheur dans la souffrance : qui sommes-nous pour refuser cette sublime offrande ?